Rechercher

 

BREF APERCU HISTORIQUE SUR L’ACADEMIE DE MONTAUBAN

 

Les Promenades de Tempé

 

La tenue d’assemblées littéraires, dès le XVIIème siècle, animées principalement par des religieux, forment un terreau favorable. Henry Le Bret en est l’un des principaux acteurs.

Né à Paris en 1618, ami de Cyrano de Bergerac et comme lui, mousquetaire du roi, son activité libertine se termine en 1641. Il embrasse alors la carrière juridique, et occupe la fonction d’avocat au Conseil du roi, jusqu’en 1656, date de la mort de son compagnon. Il entreprend une carrière ecclésiastique : soutenu par Mgr de Bertier, il est nommé au secrétariat de l’évêché de Montauban. Devenu chanoine, puis grand prévôt, il lutte contre le calvinisme. Il publie son Histoire de la ville de Montauban  (1668) et crée un corps littéraire qui se réunit dans la demeure du magistrat montalbanais, M. Darassus, dans la vallée du Tescou, à Tempé. Sous le nom de Promenades de Tempé, Le Bret indique le contenu philosophique et littéraire de ces assemblées.

 

La Société littéraire de Montauban

 

L’initiative de la création de l’Académie de Montauban revient à un jeune magistrat de la Cour des aides, Jean-Jacques Le Franc de Pompignan qui, avec quelques amis crée en 1730 la  Société littéraire  de Montauban.

Natif de Montauban, il y est nommé avocat général à la Cour des aides en 1730. Brillant orateur, il fonde cette Société littéraire, poétique avant tout, qui suscite quelques jalousies. Les séances s’espacent pour être interrompues, avant de renaître avec éclat en 1740 (entre temps, Le Franc avait quitté Montauban pour Paris et y avait donné sa tragédie de Didon au Théâtre Français en 1734). Dès 1741, il entreprend des démarches auprès du roi qui lui permettent de tenir des assemblées publiques et de célébrer, avec les encouragements de Mgr de Verthamon, la fête de Saint-Louis, choisi comme patron, le 25 août 1742, à l’évêché. Il en résulte un premier recueil imprimé chez Forest, à Toulouse en 1743.

L’ Académie des Belles-lettres de Montauban

Elle est créée par lettres patentes royales signées par Louis XV, le 19 juillet 1744, à Dunkerque. Elle est composée de trente membres titulaires, les vingt-sept membres de la Société littéraire de Montauban préexistante et les trois personnalités les plus éminentes de la ville, l’intendant de la généralité, l’évêque du diocèse et le premier président de la cour des aides (voir la page « les Académiciens depuis les origines). Le premier consul de la ville en était également membre  avec le statut «d’académicien-né».

Dix membres associés qui ne résidaient pas à Montauban, complétaient l’effectif. Un cérémonial est institué, tout comme un concours littéraire annuel. Le sceau de l’Académie représente le saule des armoiries de la ville, poussant de sa tige une branche de laurier, avec ces mots de Virgile : « Miraturque novas frondes  » (Admire les frondaisons nouvelles).

Dès 1790, l’Académie de Montauban cesse ses travaux. Le 8 août 1793, un décret de la Convention Nationale supprime, purement et simplement, les sociétés littéraires et les académies.

 

La Société des Sciences et des Arts du département du Lot séante à Montauban 

 

La constitution du 5 fructidor de l’an III (22 août 1795), dans son article 298,  crée un institut national qui est chargé des fonctions antérieurement dévolues aux académies de l’Ancien Régime. L’article 300 dispose que les « citoyens ont le droit de former des sociétés libres pour concourir aux progrès des sciences, des lettres et des arts ».

C’est dans ce cadre, qu’à l’instigation de l’astronome Duc-Lachapelle, dès 1795, une nouvelle société savante est en gestation à Montauban, sous la dénomination de Société des sciences et des arts du département du Lot séante à Montauban. Son règlement est adopté le 23 brumaire an V. Elle est composée de trente membres répartis en deux classes : sciences (12 membres) et belles-lettres (18 membres) Trois membres seulement de l’ancienne académie en font partie : Amans LADE, Jacques Antoine de MOLIERES et Isaac SATUR.

En 1802 (règlement du 3 floréal an X), est instituée une troisième classe, celle de l’agriculture et du commerce. Chacune des classes (sciences et arts mécaniques, lettres et beaux-arts, agriculture et commerce) doit en principe être composée de 15 membres résidants et de 15 membres associés correspondants. Entre 1802 et 1804, une douzaine de nouveaux membres sont recrutés dans la classe « agriculture et commerce ». Elle se réunit chaque mois et tient à l’hôtel de ville, une séance publique annuelle qui n’est pas convoquée à date fixe mais dont l’organisation varie peu d’une année à l’autre. Les membres les plus importants et les plus actifs de cette société sont : Duc-Lachapelle, Poncet-Delpech père et fils, Bénédict-Prévost, Robert-Fonfrède, France-Lagravière et Pierre-Toussaint Aillaud.

Ce dernier, né à Montpellier en 1759, suit des études au séminaire de Montauban pour y devenir prêtre. Distingué par Mgr de Breteuil, il est nommé chanoine à la cathédrale. Auteur de nombreux poèmes, dont un couronné par l’Académie de Montauban, il est à Duc Lachapelle l’un des fondateurs les plus actifs de la Société des sciences et des arts de Montauban  En 1799, il crée l’Athénée de la jeunesse, établissement destiné à rassembler les vocations poétiques. Plus tard, il devient professeur de rhétorique au Collège de Montauban (1808), pour être enfin appelé à la place de bibliothécaire de la ville (1821).

A partir de 1803, la société organise également des concours destinés aux jeunes montalbanais dans les diverses disciplines académiques (mathématiques, lettres, géographie, dessin, etc.). En 1805, il est procédé à la remise des prix aux collégiens à l’issue de la séance publique annuelle. Ses séances annuelles sont l’occasion d’expositions de peinture, de concerts ou encore, comme en 1805, d’une expérience de chimie sur l’hydrogène. Mais son activité ne se limite pas à l’organisation de concours. En l’an X (1802), elle rend un avis scientifique au préfet sur la manière de combattre une épizootie qui décime le cheptel du département. Elle contribue également à la création de la bibliothèque communale de Montauban.

A la suite de la création du département du Tarn-et-Garonne, le 21 novembre 1808, elle est dissoute le 7 mars 1809 sans avoir tenu sa séance publique en 1808.

La Société des Sciences, Agriculture et Belles-lettres de Tarn-et-Garonne

 

En 1809, la Société retrouve un peu la « sève géorgique » de ses origines, pour prendre le nom de Société des Sciences, Agriculture de Tarn-et-Garonne. Elle est créée par arrêté préfectoral du 18 mai 1809 Elle se compose de 28 membres. Ils sont répartis en 3 classes : sciences, agriculture et belles-lettres. La moitié de ses membres appartenait  à l’ancienne société du Lot séante à Montauban.

Se réunissant en séance publique le 15 mai 1810 (jour anniversaire de la naissance de l’Empereur, cette date sera également celle des séances publiques de 1811 et 1812), elle ne couronne aucun lauréat et remet les mêmes sujets au concours pour 1811. A la séance publique de 1811, la classe de littérature donne un nouveau sujet, une ode sur le : Passage de Sa Majesté l’Empereur et Roi dans la ville de Montauban, dont le meilleur auteur est couronné en 1812. Jusqu’en 1815, divers prix en littérature et agriculture sont attribués.

A la Restauration, le directeur de la société est le préfet du département, le Vicomte de Villeneuve. A partir de 1820, la Société se voit confier la publication du Recueil agronomique de Tarn-et-Garonne. Entre la fin de l’Empire et le début des années 1820, disparaissent quelques uns des sociétaires les plus actifs qui ont  beaucoup contribué à la renaissance de la compagnie : Duc-Lachapelle (1814), Poncet-Delpech, père (1817), Bénédict Prévost (1819), Combes-Dounous (1820), Depuntis (1820).Sa composition reste globalement assez stable puisqu’environ les 2/3 des sociétaires de 1822 étaient déjà membres en 1812. Cependant, le déséquilibre entre les classes s’accentue aboutissant en 1818 à la fusion de la classe des sciences avec celle de l’agriculture.

A partir du début des années 1820, la Société est toute entière accaparée par la diffusion des connaissances en agronomie. Elle est associée à la création des comices qui sont mis en place, à l’instigation des pouvoirs publics à partir de 1836 La gestion des aides à l’agriculture lui est confiée.

A partir de 1837, la Société est dirigée par un président. Armand Teulières assure cette charge durant quatre années consécutives, de 1837 à 1840. Après la période assez troublée de 1848 à 1852 durant laquelle le poste de président n’a pas été pourvu,  pratiquement aucun président n’a été élu plus de deux fois consécutives sauf Gustave Garrisson, pendant trois ans à deux reprises (voir liste des présidents).

En 1841, on note une petite évolution  dans ses activités : en plus du prix d’agriculture, elle fonde un concours de poésie. A partir de 1842, Le Recueil Agronomique rend compte dans ses pages de la séance publique annuelle de la société durant laquelle les prix sont remis et où quelques sociétaires présentent des communications. En 1845 est promulgué un nouveau règlement qui commence à fixer les principes d’organisation en vigueur actuellement.

Jusqu’en 1867, l’agriculture est pratiquement l’unique domaine dans lequel s’investit la Société. Ses initiatives sont nombreuses. On note en particulier la création d’une vigne-école en 1863 qui est dirigée par l’un des membres de la Société, Jean-Paul Dubreuilh, professeur départemental d’agriculture.

 

La Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Tarn-et-Garonne

En février 1867, le préfet Etienne Soumain informe le président de la société, Guillaume de Félice de son intention de créer une société chargée spécialement de l’agriculture et de confier à celle-ci la publication du Recueil agronomique. Ce projet suscite du mécontentement parmi les membres mais un nouveau règlement entre en vigueur actant cette modification importante. Voté en assemblée générale le 11 mai 1867, il est approuvé par le préfet le 24/05.

Le 27 juin 1867, en séance publique, le président de Broca retrace l’historique de la Société qui retrouve les Belles-Lettres, pour devenir la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Tarn-et-Garonne et explique les raisons de ce changement. Outre le changement de dénomination, on enregistre, diverses modifications (notamment un poste de vice-président est créé, les membres résidants sont tenus de payer une cotisation, la Société impose à ses membres une obligation de neutralité politique et religieuse,…).

C’est à partir de cette même année que la société publie son Recueil. La parution est annuelle ou biannuelle. Elle organise comme par le passé des concours de prose et de poésie dont les œuvres primées sont lues en séance publique, courant mai ou juin.

A partir de 1870, et jusqu’en 1883, la société n’a plus à sa tête un président mais des directeurs trimestriels tirés au sort. En janvier 1877, Emmanuel Soleville, au nom de la société, écrit au préfet pour que celle-ci soit autorisée à reprendre sa dénomination antérieure à 1867. Il obtient  provisoirement gain de cause mais Gustave Garrisson échoue dans sa tentative de recréer au sein de la société une section ouverte aux non résidants et associés ayant en charge les questions agricoles. Un nouveau règlement, actant le retour  aux dispositions de 1867 est adopté en séance le 8 mai 1880 et approuvé par le préfet le 27 août.

L’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, de Tarn-et-Garonne

 

En 1883, à compter du 20 juillet, la société retrouve son ancienne dénomination d’Académie. Elle a de nouveau un président, Louis FOISSAC-JULIA et poursuit ses activités traditionnelles dont le Recueil publié désormais régulièrement nous conserve le souvenir.

En 1920, l’Académie prend le titre d'Académie de Montauban (Sciences, Belles-Lettres, Arts, Encouragement au Bien) qu'elle conservera jusqu'en 2019, année de la dernière réforme statutaire qui décidera de sa nouvelle appellation : Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de Montauban.

En 1888, paraît un très précieux document dû à Emerand Forestié : « La Société littéraire et l’ancienne Académie de Montauban  ». qui demeure un document de référence sur l’histoire de l’Académie de Montauban sous l’Ancien Régime.

Le 20 décembre 1920 enfin, l’Académie prend le titre qu’elle porte désormais : Académie de Montauban (Sciences, Belles-Lettres, Arts, Encouragement au Bien).

Rappel chronologique des changements de dénomination

 

1) de 1730 au 19 juillet 1744 : Société littéraire de Montauban

2) du 19 juillet 1744 à 1793 :  Académie des Belles-Lettres de Montauban

3) de l’an VII à 1809 : Société des Sciences et des Arts du département du Lot, sise à Montauban

4) de 1809 à 1867 : Société des Sciences, Agriculture de Tarn-et-Garonne

5) de 1867 à 1878 : Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Tarn-et-Garonne

6) de 1878 à 1880 : Société des Sciences, Agriculture et Belles-Lettres de Tarn-et-Garonne

7) de 1880 à 1882 : Société des Sciences, Belles-Lettres de Tarn-et-Garonne

8) de 1883 à 1920 : Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Tarn-et-Garonne

9) depuis le 20 décembre 1920 : Académie de Montauban (Sciences, Belles-Lettres, Arts, Encouragement au Bien)

10) depuis 2019 : Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de Montauban

 

Pour en savoir plus, voir les Recueils de l’Académie de Montauban

 

1867 : Tableau de l’histoire de l’Académie depuis les origines, par M. Alexandre de Broca ;

1888 : La Société littéraire et l’ancienne Académie de Montauban, par M. Emerand Forestié ;

1930 : Les Origines et les débuts de l’Académie de Montauban, par M. Pierre Viguié) ;

2003 : Histoire de l’Académie de Montauban, par le Dr Philippe Rollin ;

2005 : L' Académie de Montauban a 260 ans : des époques, des faits, des hommes, par MM. Léo Daudibertières et Norbert Sabatié) ;