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Emanuel Swedenborg (1688-1772) par Jean-Marc DETAILLEUR


  Aujourd’hui presque totalement oublié, Swedenborg a marqué le courant spirite et ésotérique de son époque : au siècle des lumières, siècle de la révolution scientifique, le monde du surnaturel n’est pour autant pas délaissé Swedenborg : d’un côté un savant extraordinaire à la pointe du progrès, « de l’autre un visionnaire méthodique décrivant avec forces détails les mondes parallèles qu’il disait visiter », ces illuminations conduisant au diagnostic de la maladie psychiatrique.
Mais l’homme en lui-même s’est toujours comporté normalement, aimant la vie mondaine Il est né Emanuel Svedbert en 1688 à Stokholm, fils d’un évêque luthérien.
Très doué pour les études, il acquiert un savoir encyclopédique, passe deux ans en Angleterre pour parfaire sa formation – sans pouvoir y rencontrer I Newton- puis passe en Hollande où il apprend à polir les lunettes comme Spinoza, et en France.

Sur le chemin du retour il écrit à son beau-frère, l’érudit Benzelius, une lettre restée célèbre dans laquelle il détaille 14 de ses inventions. Il fonde, rentré en Suède, en 1716, une des premières revues scientifiques connues. Il est présenté au roi Charles XII, passionné de mathématiques.
Il est chargé d’un certain nombre de grands travaux. Anobli, il devient Svedenborg et siège à la chambre haute.
Touche à tout de génie, il jette par exemple les bases du système décimal. Mais il refuse la chaire de mathématiques à Upsala, celle de
Celsius ; car c’est avant tout un ingénieur.
Et il s’intéresse aussi à la symbolique des rêves. Plus il avance dans ses recherches scientifiques, plus il tente de découvrir « les rapports entre la création et le créateur, entre les faits scientifiques et la révélation, entre me monde visible et le monde spirituel »
A 56 ans, il abandonne toutes ses fonctions pour se consacrer à la réflexion spirituelle. Le Christ lui apparait. Son œuvre théologique
majeure, « les arcanes célestes » comprend 8 volumes in quarto. Pour lui la vie est l’œuvre d’un soleil spirituel qui est la cause du soleil
naturel, qui lui crée la vie sur terre. L’homme est d’abord un être spirituel qui revêt dans ce monde un vêtement de chair. « correspondance est un des mots-clés de sa théologie : il existe une correspondance entre les réalités invisibles du monde pirituel et les réalités visibles du monde physique ». Les premières sont les causes des secondes.
Il décrit depuis Göteborg l’incendie de Stockhom, ce qui conduisit Kant à écrire en 1766 « les songes d’un visionnaire expliqués par les songes de la métaphysique ». Il veut appliquer aux mystères de la foi les méthodes scientifiques. On le prend pour un doux illuminé ! Mais en même temps il propose, en 1761, un système de papier monnaie.
Ses ennemis, ne pouvant l’atteindre comme hérétique -il bénéficie de la protection de la famille royale- veulent le faire interner comme fou. Il s’exile à Londres où il meurt en 1772.

Jean-Marc Detailleur