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L’Escolo Carsinolo, à partir de la correspondance inédite reçue par Jean Castela

« Acos a soulel coulc / qu’espandissi mas alos »

(C’est au coucher du soleil que je déploie mes ailes),

telle est la citation accompagnant le lucane ou cerf-volant, insecte-mascotte de l’Escolo Carsinolo.

Ainsi a débuté, le lundi 4 novembre, la conférence donnée par Norbert Sabatié, nouveau président de l’Académie de Montauban, élu en même temps que le vice-président, Philippe Bécade. Après avoir évoqué Jasmin, le poète-coiffeur d’Agen, célèbre pour ses Papillotos, et l’historien du Midi de la France, le lafrançaisain Mary-Lafon, qui ont tous deux nourri l’esprit de Jean Castela, c’est sa vie et son œuvre qui ont été retracées. Le félibre-meunier de Loubéjac, qui a publié ses Farinals en 1850, avait déjà été reconnu par l’Académie l’année précédente, pour son poème « Suzoun ». Mais c’est surtout la deuxième édition de 1873 qui lui vaut la renommée dans tout le Midi.
            Le conférencier a pu le montrer aisément en faisant défiler à l’écran divers courriers reçus par le « moulinié », attestant de l’implication des responsables du Félibrige, à commencer par Mistral, mais également de bon nombre de personnalités. Cela grâce au corpus de cette correspondance inédite que les Archives départementales ont pu acquérir, lors d’une vente à Drouot, en 2010. Le comte de Toulouse-Lautrec, président du syndic d’Aquitaine, va inciter Castela à organiser une « félibrée » à Montauban, laquelle a lieu le 20 octobre 1881. A partir de là, va naître une première Escolo Carsinolo à Caussade, le 28 mai 1885, grâce à Hippolyte Lacombe, l’auteur de l’hymne « La Caoussadenco ». Mais elle ne va pas durer. Ce n’est qu’après les « fêtes cigalières en l’honneur d’Ingres » qui se sont tenues à Montauban en 1890, que Quercy et Perbosc vont réactiver les volontés occitanes autour de Jean Castela qui deviendra le "capiscol" d’honneur de la nouvelle Escolo Carsinolo. Elle naît le 10 novembre 1895 et va se faire connaître par le biais du « Quercy », nouvelle revue de l’imprimeur Forestié, à laquelle participent Pouvillon, Sémézies, et bien d’autres, notamment ceux de l’Ecole montalbanaise pour la partie illustrée : Louis Oury, Célarié, Andrieu, etc. Un « Cantou félibrenc » y révèle les nouveautés occitanes tandis que, parallèlement, un « Almanac Carsinol » voit le jour.

            L’élan est donné : des hymnes locaux (tels que « La Mountalbanèso » de Saintis ou « La Mouissagueso » de Delthil), se font entendre et des « écoles »naissent, la plus importante étant la « Cloucado des Clastres » (Couvée des Cloîtres) de Moissac. Des fêtes sont organisées, rendant hommage aux félibres disparus, avec des « Jeux floraux » et l’émission de cartes postales commémoratives : Lacombe pour Caussade en 1908, Pagès pour Saint-Antonin en 1909, Mary-Lafon pour Lafrançaise en 1910, Cassaignau pour Beaumont en 1913, etc. En 1935, Montauban célèbrera avec faste le centenaire de la naissance de Léon Cladel. Le capiscol Frédéric Cayrou assure la présidence de l’Escolo Carsinolo pour les fêtes du cinquantenaire de sa fondation, le 4 novembre 1945. Il passera le relais, en 1958, à Pierre Gardes qui a su animer plusieurs centres d’intérêt parmi lesquels le Musée du Terroir restituait la tradition quercynole et dont quelques objets demeurent exposés au Centre du Patrimoine. En 1961, l’Escolo Carsinolo rendra hommage à Perbosc sur son lieu de naissance, à Labarthe, puis elle s’éteindra discrètement, dissoute le 15 avril 1985, après 90 ans d’existence. En conclusion, le conférencier saluait l’âme de ces valeureux Quercynois qui ont participé à l’activité intellectuelle de la fin du XIXe siècle et du XXe.
            La présidente, Geneviève André-Acquier, mettait à son tour l’accent sur la vivacité de cette langue d’oc qu’elle se plaît à entendre, et demandait ainsi la lecture d’une fable de Jean Castela, ce qui a également plu à l’auditoire, semble-t-il.