LA DÉMATÉRIALISATION DU DICTIONNAIRE : DU PAPIER À LA BASE DE DONNÉES
Conférence donnée par Monsieur Didier LÉRISSON lors de sa réception au 29ème Fauteuil de l’Académie des sciences,
des lettres et des arts de Montauban le 6 novembre 2023
Monsieur le Président, Madame la vice-présidente,
Mesdames, messieurs les académiciens, chers consooeurs, chers confrères,
Mesdames et messieurs, très chers amis,
L’opportunité était trop tentante pour que je ne m’y sois pas risqué.
Au moment où j’ai été interrogé pour préciser le thème de ma conférence, un de mes amis venait de me remettre un exemplaire du Dictionnaire Universel de Commerce, édition de 1759 en 5 volumes. Ce sont ceux qui se trouvent ici sur cette table à la faveur d’une succession heureuse d’actes généreux sur lesquels je reviendrai au terme de ma présentation.
Face à cette masse de 16 kilos contenant plus de 6000 pages et des milliers d’informations, on ne peut être qu’admiratifs sur la somme de travail qu’il a fallu déployer pour la réaliser. Ce sentiment est également amplifié à la simple évocation des moyens dont les auteurs du contenu et de la mise en forme, disposaient.
C’est de cette interpellation qu’a surgi le thème de ma communication de réception.
Restait à en donner le titre. J’ai indiqué, présomptueusement c’est certain, « La dématérialisation du dictionnaire : Du Papier à la Base de Données ».
Ce titre laisse supposer que le Dictionnaire papier est mort, et donc que vive la Data !
Faut-il s’en plaindre ou s’en réjouir ?
Répondre est assez délicat. Tout dépend en effet du positionnement de celui qui doit répondre. Soit c’est un utilisateur, auquel cas le sens de sa réponse est l’expression de l’utilité qu’il y trouve, soit il s’agit d’un acteur impliqué dans l’un ou l’autre de ces supports, auteur, contributeur ou autre producteur, et alors la réponse est dictée par son propre intérêt.
Formulons l’inverse : Si on ne peut clairement ni sans plaindre ni s’en réjouir que reste-t-il ?
J’ai dans ma maison d’Ariège, accroché sur un mur, un triptyque où il est écrit : « De mémoire de rose on n’a jamais vu mourir un jardinier ».
Le dictionnaire, comme tout objet, n’est que l’expression, à un moment précis, de la conjugaison de l’état d’une technologie et d’un niveau de connaissance.
La technologie ne cesse d’évoluer sous l’effet de cet engrais que constitue le progrès. Elle se perfectionne jusqu’au stade optimal où elle atteint sa propre limite. Alors par un pas de côté créateur, elle s’engage dans une nouvelle direction plus pertinente. Ce faisant, elle frappe d’obsolescence la précédente. Il ne faut voir en lui que l’expression de la vie des éléments qui le compose et l’ état de leur combinaison au moment où il est produit.
La connaissance ne suit pas un autre chemin. Elle aussi évolue constamment sous l’effet de son propre approfondissement, exigeant une segmentation de plus en plus fine des domaines explorés et imposant, par là même, une spécialisation de plus en plus pointue.
Bien sûr, comme dans le vivant, tout n’est pas exposé aux affres de l’impermanence ou de la précarité. Il y a dans chacun d’eux cette part fixe qui se retrouve quelque soit le stade de maturité atteint, au point d’en constituer à la fois leur signature et leur identité. Elle est présente à la fois dans l’édition papier et dans les Datas.
Pour vous restituer, le plus fidèlement possible, le résultat de mon travail je vais consacrer la première partie de mon intervention à l’histoire du Dictionnaire lui même. Le but est de vous montrer comment cette oeuvre, foncièrement humaine, est le résultat d’une conjugaison enchevêtrée d’intérêts personnels, de visions politiques, d’évolutions sociologiques qui en font une oeuvre de son temps, celui du siècle des lumières.
Dans une seconde partie j’examinerai successivement trois domaines dans lesquels, me semble-t-il, il est interessant de relever les incidences provoquées, les effets du progrès qui ont conduit à la dématérialisation des données. Je veux parler de la technique d’impression, avec son éternelle recherche d’équilibre entre les moyens humains et matériels, de la connaissance et de la question de son origine et de la Finance, nerf sans lequel, hier comme aujourd’hui et d’évidence demain, rien ne peut se réaliser.
Je ne saurais, enfin, terminer mes propos sans remercier solennellement ceux qui ont participé à sauver cette part de patrimoine qu’est l’édition de 1759 du Dictionnaire Universel de Commerce.
Commençons donc par l’histoire du Dictionnaire Universel de Commerce.
Elle débute à la fin du 17ème siècle.
François-Michel Le Tellier, Comte de Louvois, alors Sur-Intendant des Arts & Manufactures de France, convaincu de la nécessité d’accroître la supervision du corps des inspecteurs des manufactures, décide de créer une nouvelle Inspection, qui soit à la fois le centre de toutes les autres et l’interlocutrice unique des Inspections auprès des différents ministères.
Il donne à cette structure le nom d’Inspection Générales des Douanes de Paris. Reste plus qu’à trouver le bon candidat.
Ayant eu vent de cette décision, Jacques de Savary[1] qui jouissait alors auprès du sur-intendant d’une forte influence, lui parle de son fils, Jacques Savary des Brûlons.
Louvois trouve ce candidat trop jeune, il a tout juste 30 ans, et surtout manquant cruellement d'expérience dans le monde de la manufacture. Les assauts répétés du père finissent par emporter la décision du Sur-Intendant.
C’est ainsi qu’en 1686, Jacques Savary des Brulons sera nommé à moins de 30 ans, il est né en 1657, au poste d’Inspecteur Général des Douanes de Paris.
À peine nommé, Jacques s’attèle à la tache et y fait preuve de grandes qualités, qui s’avèreront très utiles au pouvoir Royal pour conduire sa politique manufacturière.
Homme organisé et rigoureux, le nouvel Inspecteur Général se montre curieux de tous les aspects touchant au commerce mais également aux arts et aux métiers des manufactures ou bien alors aux droits de douane et les mesures qui les entourent . Pour ne rien oublier il note scrupuleusement tout ce qu’il apprend sur des fiches qu’il classe, pour pouvoir s’y reporter facilement, par ordre alphabétique.
Au fil du temps le nombre de ses fiches croît mais également leur contenu s’enrichit sans cesse de notes complémentaires, par des décisions de justice et des textes réglementaires s’y rapportant. L’ensemble finit par constituer une véritable documentation Générale qu’il prendra l’habitude d’appeler son Manuel Mercantile.
Un vrai travail de Titan réalisé à la plume.
Peu à peu, le thesaurus de Jacques finit par être connu et suscite de l’intérêt dans l’entourage du successeur de Louvois.
Rapidement l’idée germe que le Manuel Mercantile, sous réserve qu’il soit complété et ses sujets élargis, puisse constituer la matière d’un véritable Dictionnaire de Commerce. L’intérêt est d’autant plus grand qu’un tel ouvrage fait cruellement défaut au monde des négociants et, autre avantage aux yeux du pouvoir royal français, ce serait une belle opportunité pour prendre de vitesse les anglais qui n’en ont pas toujours publié un.
Les décisions sont prises et tous les Inspecteurs des manufactures du royaume sont appelés à adresser au créateur du Manuel Mercantile des mémoires sur leurs activités. Jacques reçoit cette première vague de documents et commence à les insérer dans ses fiches,
Cependant, leur contenu s’avère assez décevant car, souvent il se limite à la description des métiers des ouvriers des Manufactures et à la définition basique des termes qui y sont utilisés.
Pour donner plus de corps au contenu le pouvoir royal va alors solliciter les Conseils de Commerce, ancêtre des Chambres de commerce.
Les contributions de celles-ci seront adressées sous forme d’articles relatifs à toutes les marchandises comprises dans les droits d’entrée et de sortie, principalement les Épices et les Drogues, ainsi qu’à la définition de toutes les machines ou instruments concernés pour la fabrication des ouvrages d’or et d’argent, de soie, de laine, de coton ou de fil dans les manufactures.
Enfin il sera décidé d’élargir la partie consacrée au commerce de la France avec les pays européens à celui avec les quatre parties du monde. De nouvelles contributions extérieures sont sollicitées. Le manuel mercantile se transforme peu à peu sous l’apport collaboratif.
Avec ces nouveaux afflux, la tâche devient trop lourde pour Jacques pour qu’il puisse continuer à l’assumer seul, et ce d’autant plus qu’il n’est pas libéré de sa fonction d’Inspecteur Général des douanes.
Il va demander à son frère Philemon Savary, Chanoine à l’église royale de St Maur, de venir à son secours.
À ce renfort fraternel, se rajoute celui de Jacques ESTIENNE, Editeur à Paris.
Venu par opportunité, il ne ménagera pas ses efforts pour donner cours au projet et même à l’enrichir. Il mettra ainsi à disposition l’ensemble de son catalogue d’édition, accroissant ainsi la documentation déjà fort importante.
Pris d’enthousiasme, le trio, Jacques, Philemon et le libraire, publie, début 1713, le prospectus dans lequel ils annoncent la sortie du Dictionnaire pour l’année suivante, soit 1714. Cette annonce ouvre l’appel à souscription.
L’enthousiasme va vite retomber. L’année n’est pas finie quand Jacques doit subir une dite de la taille[2]. Profondément affaibli par cet épisode se teindra éloigné de l’ouvrage pendant plus de 18 mois. À son retour, d’autres pathologies vont altérer ses capacités jusqu’à ce 22 avril 1717 où il va s’éteindre, à l’âge de 59 ans. Il n’aura pas vu son oeuvre, à laquelle il aura consacré plus de 25 ans, publiée.
L’aventure se poursuit désormais à deux.
Son frère Philemon, fort des consignes et recommandations données par son frère de son vivant, se fera cependant le gardien de l’esprit de l’ouvrage. Il veillera scrupuleusement à la rédaction des articles, les voulant formulés en style simple et clair pour les rendre accessibles à toutes sortes de lecteurs, qu’il soit apprenti ou artisan, comme savant ou simple curieux.
Cet objectif, louable d’un certain point de vue, sera parfois contrarié par l’insistance de certains contributeurs pour que leurs apports occupent une place conséquente. Tout cela aura pour conséquence de voir des déséquilibres dans les articles par ailleurs limités à la description des choses où à leur définition.
Il en résultera des inégalités et des approximations dont certains se feront échos lors de la publication de la première édition.
Celle-ci finit par paraître en 1723 sous le titre de « Dictionnaire Universel du Commerce» chez J.Estienne, éditeur, en 2 volumes + 1 constitué des dernières contributions sur le commerce étranger.
Sur la page de présentation il est indiqué : « édition par Philemon Savary, continuateur de l’oeuvre de son frère Jacques Savary des Bruslons disparu 7 ans plus tôt ».
À sa sortie, le Dictionnaire est accueilli avec soulagement dans le monde marchand.
C’est un succès, modeste au regard des publications actuelles, mais significatif pour l’époque. L’éditeur est lui satisfait et aussi soulagé d’avoir pu enfin livrer leur exemplaire aux souscripteurs.
Philemon s’éteint à son tour en 1725 laissant l’éditeur seul avec ses droits.
La première édition a donné des idées à certains. C’est le cas à Amsterdam, où, en 1726 parait une version pirate du Dictionnaire Universel de Commerce. Il y a des Editeurs bien singuliers.
Par réaction, Mme Estienne, qui a pris la suite de son défunt mari, va à son tour sortir deux nouvelles versions du Dictionnaire : en 1741 (à Paris) puis en 1750 (à Genève). Sans doute tente-t-elle par ces deux rééditions d’actualiser les droits d’éditions qui primitivement lui avaient été accordés pour 20 ans en 1723.
Mais, sans les frères Savary, ces versions manquent de mises à jour et de correction ce qui ne fait qu’augmenter le besoin d’une nouvelle édition revue et corrigée. Celle-ci va venir d’Europe du Nord.
C’est en effet de Copenhague qu’arrive la contre-offensive. Sous l’impulsion des frères Cramer et Claude Philibert Imprimeurs-libraires, paraît, en 1759, le premier des 5 volumes de la Nouvelle Édition « exactement revue, corrigée et considérablement augmentée ». Le dernier volume paraitra en 1765.
C’est un exemplaire de cette édition que vous pouvez voir ici.
Son titre témoigne de son élargissement : « Dictionnaire universel de Commerce, d’Histoire naturelles, et des arts et métiers, contenant tout ce qui concerne le commerce qui se fait aux 4 coins du Monde.
À propos des corrections apportées, les éditeurs précisent dans l’Avertissement : « Nous serons sans doute excusés sur le retard si l'on considère le grand nombre d’additions qu'il a fallu rassembler de toute part pour compléter une partie que Savary n'avait traité que superficiellement. »
Superficiellement, peut-être, mais pas au point de rendre la version primitive dénuée de tout intérêt. Les Encyclopédistes ne s’y sont pas trompés puisqu’ils y puiseront une partie de leurs premiers travaux débutés, avant l’édition danoise. Tout comme eux-mêmes, par un jeu de passe sur lequel je reviendrai tout à l’heure, feront référence à l’Encyclopédie pour enrichir leur nouvelle édition.
De son côté le public trouvera dans cette ultime parution la réponse à ses attentes. Le succès ne se démentira pas, tant marchands, ouvriers, artisans, grands voyageurs, juristes, trouvèrent dans cet ouvrage des réponses précises et actualisées. Il s’avèrera un outil efficace et opérationnel dans un monde où les choses changent lentement.
Du côté des institutions françaises, la sortie de ces 5 volumes a dû attiser quelques regrets de voir un éditeur danois, soutenu financièrement par le Roi de Suède, réaliser une publication dont elles étaient à l’origine. Elles ont pu se consoler en voyant que la référence aux travaux de Savary était toujours là et que cet ouvrage était en français.
Cette édition a eu un autre effet, induit celui-là. À partir de la moitié du 18ème siècle les élites culturelles qui jusqu’alors s’étaient penchées sur la science des négociants, en curieuses d’abord, en utilisant le Dictionnaire de Commerce comme une source documentée fort intéressante, recherchèrent à la remodeler selon leur vision épistémologique[3]. Cette démarche les conduira à concevoir chaque activité comme une part d’un système d’énoncés scientifiques qui lui apporte une cohérence supérieure.
L’abbé Morellet, à son tour, voulu revisiter le Dictionnaire suivant une telle approche. Le Prospectus d'un nouveau dictionnaire de commerce, qu'il publie en 1769, se veut alors le « Discours préliminaire » d'une encyclopédie du négoce.
Son projet, ne verra jamais le jour, trop ambitieux qu’il était.
Les Lumières commençaient à être à l’oeuvre.
La définition des termes du négoce, objet des travaux de Savary, utiles aux négociants devait maintenant s’effacer pour laisser place à l'activité constitutive de la science économique dont les théories commençaient à prendre forme.
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L’édition en 5 volumes du Dictionnaire de Savary restera à jamais la dernière. À la fois forme la plus aboutie d’un ouvrage spécialisé et terme d’une évolution appelant un autre développement.
Le cycle évoqué au début de mon intervention s’était refermé.
On a pu voir, à travers cette histoire de conception, puis de publication, comment les choses se sont agencées, au grès des évènements, pour atteindre un but qui, au final, s’avère un peu différent de celui recherché par son instigateur pour en engendrer un autre.
J’ai rappelé au début de mon propos que dans cette évolution, induite par le « Sapere Aude » du XVIIIème siècle, la part de constantes, d’intemporel presque, étaient toujours présente dans la révolution numérique à l’oeuvre aujourd’hui. Cette part fixe qui marque et signe toute production humaine.
C’est à l’exercice périlleux de leur identification dans la dématérialisation des supports que je vous invite.
Pas de manière exhaustive, je vous l’ai dit en débutant mes propos, mais au travers de trois domaines que j’ai considéré comme suffisamment significatifs.
Technique d’édition avec son éternelle recherche d’équilibre entre moyens humains et matériels d’abord.
S’il est une notion sur laquelle tous les économistes s’accordent, marxistes ou libéraux, c’est celui de la productivité, c’est à dire la recherche incessante de procédés innovants pour produire plus, plus vite et mieux. Dans le monde de l’entreprise, ce mouvement se traduit par une succession d’événements que suit, immuablement, toute modernisation de l’outil de production. Au fur et à mesure que l’entrepreneur intègre une nouvelle technologie, dans son cycle de production, alors se produit immanquablement un double impact sur les métiers environnants. Certains, ceux que le nouvel outil remplace, tendent à disparaître pendant que d’autres apparaissent en lien direct soit avec la création du nouvel outil ou bien encore avec les nouvelles conditions de production.
L’édition dans son ensemble, et plus particulièrement l’imprimerie, illustre de manière concrète ce mouvement. Prenons à titre d’exemple l’introduction de la presse à bras par Gutenberg, « outil » destiné à exercer une forte pression sur la feuille de papier placée sur une forme imprimante pour obtenir une impression d’un texte ou d’une illustration. Ce dispositif, qui va connaître tout au long du XVIIIème des améliorations successives, a fait disparaître les actes qu’elle a remplacés pendant que dans le même temps ont été créés d’autres, comme ceux destinées à assurer la qualité et le rendement de la presse. C’est ce même mouvement qui, au fil des siècles, des inventions, des progrès conjugués de la robotisation et de l’électronique, a conduit à la mise au point de « monstres » de plus de 50 mètres de long, capables d’imprimer des milliers de feuilles dans un temps record à partir, non de plaques composées par un typographe mais de fichiers informatiques totalement dématérialisés, transmis à la rotative depuis un autre lieu, via un réseau tout aussi impalpable.
Ce raccourci montre, de manière grossière j’en conviens, que la chaîne du progrès réalisée en productivité, a pour corollaire le renouvellement continu des métiers. Ainsi se forme une chaîne ininterrompue de métiers où le maillon précédent est remplacé par un suivant, pas tout à fait le même mais pas tout à fait un autre non plus. Ce remplacement est parfois brutal, comme chez les canuts en fin de 18ème siècle, parfois trop rapide comme pour ces techniques qui, à peine écloses, sont frappés illico d’obsolescence, situations devenues fréquentes de nos jours. Mais restons sur notre sujet.
Le monde de la production n’est pas le seul à devoir s’adapter. D’autres le sont tout autant. Celui des activités intellectuelles n’en est pas exempt.
Cela nous permet de revenir au stade du Manuel Mercantile de Jacques de Savary des Brulons.
Au début, il vous en souviendra, il remplissait ses fiches à la plume. Tout comme le faisait à l’époque ces moines copistes qui, arque-boutés sur leur table, remplissaient des feuilles et des feuilles de l’ouvrage qu’ils devaient recopier. Cet exercice nécessitait à la fois, une grande maîtrise de la calligraphie pour un rendu esthétiquement cohérent, mais également un grand soin pour éviter les erreurs qui pouvaient avoir des conséquences considérables sur leur travail. Ces moines qui, par superstition et sans doute aussi pour s’en excuser par avance, avaient pris pour habitude d’attribuer les erreurs qu’ils commettaient à un démon dénommé Titivillus.
L’apparition de l’imprimerie si elle a eu raison des copistes n’a pas pour autant fait disparaître l’impératif de bien s’assurer, avant toute publication, de l’absence d’erreurs d’impression ou pire de fautes de grammaire ou d’orthographe. En ce 18ème siècle la qualité de la production relevait de la responsabilité de l’Editeur Imprimeur. Aussi mettait-il beaucoup de soin quand il devait, pour diverses raisons, déléguer cette tache.
Cette fonction, ce métier de correcteur, qui demande une parfaite maîtrise de la langue et de la grammaire française, existe encore de nos jours, même si son rôle a été fortement réduit suivant les domaines. Présent dans l’édition, il faut bien relire et corriger les manuscrits avant tirage, cette fonction a quasiment disparu dans la presse. L’apparition de la bureautique avec les traitements de texte intégrant des correcteurs d’orthographe fait désormais le job à leur place, grossièrement peut-être, mais de façon de plus en plus fiable.
Aujourd’hui on écrit de moins en moins souvent à la main, nous sommes de plus en plus nombreux à manier avec dextérité la répartition AZERTY de l’alphabet. Pire pour la graphie on n’a même plus à taper, il suffit de dicter et l’outil converti les mots prononcés. Il sait même traduire et lire. Demain sans doute il suffira de penser une phrase pour qu’elle apparaisse à l’écran dans une forme lexicale impeccable. Ce sera la fin définitive du correcteur humain victime du progrès.
Pour autant celui qui l’exerçait ne disparaitra pas. Simplement, si je puis m’exprimer ainsi, pour continuer à s’employer notre ami devra se reconvertir. Il aura, pour ce faire, le choix entre ces multiples nouveaux métiers qu’aura créé le numérique.
Dans ce grand remplacement il peut cependant se consoler : il ne sera pas le seul.
Quand on fait la liste des métiers qu’il a fallu mettre en branle pour réaliser le Dictionnaire de commerce qui est sur la table, il faut bien convenir qu’il n’en reste plus beaucoup.
Exit les dominotiers qui agrémentaient les premières pages des livres.
Fini les graveurs fondeurs de caractères. Même les noms des polices qu’ils utilisaient ont été remplacés.
Terminé les Doreurs, relieurs, Papetiers-colleur de feuilles.
Vive les Chefs de projets web-mobile, les web designers, les développeurs, les intégrateurs, les ingénieurs cloud computing, les community managers, ….
Un autre monde …. où quelques rares artisans conservent les savoirs que le progrès a éteint.
Un autre monde dans lequel pourtant persistent des constantes même si les changements les bousculent.
C’est le cas de la connaissance et de son perpétuel débat sur son origine, deuxième et avant dernier domaine dont j’ai voulu vous parler maintenant.
En matière de propriété intellectuelle, dont le type qui nous intéresse ici concerne la reconnaissance de la production d’un auteur, les choses n’ont pas toujours, loin s’en faut, été aussi identifiées qu’elles sont aujourd’hui.
Au XVIIIème siècle la réponse est contenue dans le Code de Librairie et de l’Imprimerie qui stipule : « Défenses sont faites à toutes les personnes de quelque qualité & condition qu’elles soient, autres que les Libraires & Imprimeurs, de faire commerce de Livres, en vendre & débiter aucuns, de les faire afficher pour les vendre en leurs noms, soit qu’ils s’en disent les Auteurs ou autrement… » . On ne peut être plus clair.
La nature de la conception de Dictionnaire Mercantile relève, comme je l’ai montré dans la partie historique, d’une élaboration de type participatif à partir du moment où la nomenclature conçue et élaborée par Jacques Savary des Brulons a été enrichie par des contributions extérieures.
Celles-ci, émanant de sources réputées fiables, ont été, très souvent intégrés dans l’oeuvre en l’état, c’est à dire mot pour mot.
Il est interessant de remarquer que cette façon de procéder faisait perdre à ces contributions toute identité pour ne plus représenter, une fois intégrée, qu’un élément du tout, c’est à dire un article d’un ensemble ordonné alphabétiquement, le Dictionnaire. L’absence d’indication du nom de l’auteur du texte, ou pour le moins de son origine, ne faisait qu’accentuer la personnalisation de l’ouvrage à son inspirateur, ou plutôt, si on s’en tient à des critères purement matériels, au Libraire Imprimeur, seul propriétaire des droits comme on l’a vu.
Les choses commencent a évoluer un peu à partir des travaux des encyclopédistes, entre 1745 et 1751. Le modèle retenu pour confectionner l’Encyclopédie fait, lui aussi, appel à des contributeurs, mais l’approche est nouvelle. Elle s’accompagne d’un début de reconnaissance de la position de l’auteur et de la source dont est tirée la contribution.
En cette moitié de XVIIIème siècle, « Oser Savoir » qui engendre l’approfondissement des connaissances, décuple le besoin de précisions et d’identifications. Cette nouvelle impulsion se retrouve dans la démarche des Libraires de Copenhague de la dernière édition du dictionnaire de Commerce. Ici présente. Dans leur Avis figurant au début du premier tome ils indiquent : « Nous avons, pour perfectionner cette Edition , tâché de puiser dans les meilleures sources. Le célèbre Dictionnaire Encyclopédique et le Journal économique, renferment des richesses dont nous nous sommes fait un devoir de profiter. »
L’honnêteté intellectuelle est une belle chose.
Faisons maintenant comme promis un grand saut dans le temps.
La révolution numérique a totalement chamboulé notre environnement. Le monde entier est connecté à Internet, des millions de sites web occupent l’espace numérique, des milliards et des milliards de données sont stockées dans des datas qui ne demandent qu’à être exploitées. Les algorithmes de plus en plus performants et de mieux en mieux savamment agencés ont déjà commencé à explorer la problématique de la recherche de l’information. On en est au début, et la vitesse de progression suit une courbe exponentielle.
De nos jours l’information est facilement accessible avec l’utilisation de moteurs de recherche, Google pour n’en citer qu’un. Au fil du temps ils sont devenus nos indispensables compagnons de surf. Ils répondent à une demande en allant rechercher dans d’immense datas la requête déposée et, en retour, proposent soit une liste d’adresses de sites, soit celle d’une application où elle figure, selon la requête déposée.
Les réponses fournies par ces moteurs, si l’on excepte les orientations biaisées, restent, somme toute, basiques. Elles se positionnent en intermédiaire entre le demandeur et le sujet . Ils orientent c’est tout. Comme le font toutes les plates-formes de type Airbnb ou alors Uber.
Si leur performances sont d’un grand secours pour s’y retrouver dans ce monde gigantesque des données, reste à nous intéresser à la nature des réponses fournies.
Rappelons que pour toute information l’obtenir ne suffit pas pour la prendre pour vraie. Encore faut-il être en capacité de la raisonner - Merci Diderot - et, pour en saisir le sens, s’assurer de ses origines, de son auteur le cas échéant. Dans la langue numérique on parle de traçabilité d’une information.
Nos systèmes actuels le permettent-ils ?
Pour rester dans le monde académique je vais illustrer cela à partir d’un exemple d’un vers d’Horace, inséré par Diderot dans la page de titre de chaque volume de l’Encyclopédie :
Tantum séries juncturaque pollet,
Tantum de médio sumptis accedit honoris !
Mes souvenirs de latin ayant quasiment tous disparus, en bon homo numérique, j’ai demandé à Google Traduction de m’en donner la version française :
Il ne choisira que les séries et les intersections,
Seules celles prises au milieu vont à l’honneur !
En bon moteur de recherche il m’indique avoir trouver 6 160 résultats en moins d’une demi seconde, 0,47 secondes exactement. Belles performances en temps et en volume.
Face à ce mur de réponses j’ai poussé la curiosité jusqu’à demander à Chat GPT de m’assister.
La traduction qu’il me donne du vers d’Horace me parait plus, comment dire, fine.
ChatCPT:
Telle est la puissance de la succession et de la combinaison,
Telle est la dignité qui en découle.
C’est mieux. Poussant ma curiosité jusqu’à lui demander d’où elle est extraite il m’indique :
ChatGPT : Elle provient des œuvres de l'ancien poète latin Horace. Elle est tirée de son ouvrage "Ars Poetica" (L'Art poétique) et se trouve à la ligne 41. L'Art poétique est un texte qui contient des conseils sur l'art de l'écriture poétique et la composition littéraire.
Poussant un peu plus l’interrogatoire je lui ai demandé si Diderot avait utilisé ce vers dans son œuvre. Là il n’a pas l’info et se met à broder une réponse de circonstance :
ChatGPT:
Denis Diderot, le philosophe et écrivain français du XVIIIe siècle, ne semble pas l’avoir utilisé directement dans ses œuvres les plus connues.
Cependant, il était un érudit qui était familier avec la littérature classique et latine, donc il est possible qu'il ait fait référence à des concepts ou des idées similaires dans certaines de ses œuvres, mais je n'ai pas d'informations spécifiques à ce sujet.
Je lui précise qu’elle était sur la page de titre de chacun des tomes de l’encyclopédie. Il persiste et répond.
Chat GPT :
Elle n'était pas une devise sur la page de titre, mais plutôt une référence à des principes de composition littéraire que l'Encyclopédie explorait.
Chat affirme ne pas savoir car ses algorithmes ne lui ont pas permis de trouver l’information dans les datas soit parce qu’elle ne s’y trouve pas soit parce que l’algorithme n’est pas arrivé à l’y trouver.
Les DATAS stockent un nombre d’informations de plus en plus important, sans commune mesure avec le volume de la mémoire humaine. Par des algorithmes, sous l’apparence de l’intelligence dite artificielle, peuvent être agencées des réponses en suivant pour cela une logique empruntée au fonctionnement de la pensée humaine.
En réalité Intelligence Artificielle, est un outil, très performant, surtout utile pour des secteurs qui, par nature, sont basés sur des probabilités.
Il n’en demeure pas moins qu’aussi spectaculaire qu’il soit, il ne doit pas faire oublier l’enseignement des anciens qui obligeait à la fois les éditeurs à justifier et citer leur source et aux lecteurs de raisonner.
Transposés aux monde de l’IA cela devrait obliger ses concepteurs à être transparents sur les sources, y compris (et surtout) les algorithmes qu’ils utilisent.
Quand aux utilisateurs l’impératif reste le même : penser par soi-même et raisonner. Mais cette révolution numérique peut également avoir chez certains des effets inattendus.
Il me reste un dernier aspect à voir, celui de la finance. Vérifier s’il y a dans ce domaine, comme dans les deux précédents, des points qui pourraient nous amener à identifier quelques similitudes.
Préalablement il est important de remarquer que ce thème lui même qui, même si l’économique n’occupait pas la place qu’elle occupe dans notre société actuelle, était déjà présent au XVIIIème siècle. Comme il l’était, d’ailleurs, bien avant, c’est à dire lorsque l’homme a eu recours à un support tiers, la monnaie, pour satisfaire des obligations sociales ou rituelles.
Sans entrer dans le détail, et par un raccourci que vous me pardonnerez, je remarque que toute activité économique se déroule en trois phases. Une première pendant laquelle le producteur s’affaire pour acquérir les moyens dont il va avoir besoin pour réaliser la suivante, c’est la phase d’investissement, elle est synonyme de besoin de financement. Une seconde qui se caractérise par la mise en production des objets eux-mêmes et génère, à son tour, un besoin de financement venant se cumuler au précédent : c’est la phase d’exploitation. La troisième et dernière phase vient clore le cycle. Elle a vocation à couvrir les mises précédentes par des flux d’encaissements. C’est la phase de commercialisation. Le solde qui résulte de ce cycle vient accroitre ou altérer, suivant le sens, la fortune, pour utiliser un mot à double sens et montrer tout l’aléas du résultat , de l’entrepreneur.
Rien n’a changé entre le XVIIIème et le XXIème siècle, le cycle reste toujours le même : un flux croisé incessant de fonds. Mais est-il toujours aussi clairement lisible ? Vaste sujet que pour l’heure j’aborde, comme dans les précédents domaines, par notre dictionnaire.
Au XVIIIème siècle, nous l’avons vu, tout repose sur le Libraire-Imprimeur. Le Privilège du Roy, obtenu après l’Approbation, peut lui permettre de lancer une souscription. Bien évidemment il est garant personnel de la livraison et, si d’aventure il ne pourrait pas s’exécuter il serait tenu de rembourser, sur ses propres deniers, le double du montant reçu du souscripteur et contraint de s’acquitter d’une amende suivant la qualité du délit.
L’éditeur ESTIENNE eu recours à ce mode de financement. Il arrivera quand même à faire patienter les souscripteurs de la première édition du Dictionnaire de Commerce pendant plus de 10 ans. Les éditeurs de l’Encyclopédie en feront de même pour la sortie des 10 derniers volumes. Jacques Attali rapporte dans la biographie qu’il a consacré à Diderot, toutes les acrobaties qu’ont dû faire les Editeurs pour arriver, avec pas mal d’années de retard, à livrer les exemplaires pré-vendus.
Le Libraire danois de la dernière édition du Dictionnaire de commerce utilisera cette possibilité de financement. Par transparence il publiera, à partir du 2ème volume, la liste nominative de ses 300 souscripteurs. (Diapo 8)
Au delà de toutes ces péripéties il n’en demeure pas moins que la publication de ce type d’ouvrages reste, pour celui qui en détient les droits, une bonne affaire. En tant qu’ouvrage spécialisé il a intéressé, c’est certain, nombre de commerçants, de libraires ou autres ce qui laisse présager que les éditeurs n’ont pas dû regretter leur choix. Les éléments sont un peu plus précis pour l’Encyclopédie. « Plus de 2.250 souscripteurs s’y intéresseront… Les libraires en tireront un énorme profit. Ce sera l'un des plus grand succès de librairie de l'ancien régime. »[4] Si je convertis ce que Jacques Attali indique selon Robert Dranton[5] (historien des Lumières), le chiffre d’affaires total de l’Encyclopédie aurait été de 360 Millions d’€, avec 45 Millions d’€ de dépenses dont 7,2 Millions d’€ pour Diderot.». Je vous laisse apprécier.
Au travers de cet exemple on mesure bien que l’argent est une composante bien plus importante qu’une simple unité de mesure et qu’il joue, c’est certain, un rôle important. S’il représente pour celui qui l’encaisse une source de revenu, brut ou net selon le cas, le rapport qui le lie avec celui qui le détient ou l’espère est d’une autre dimension. En cela il apparaît comme consubstantiel avec la nature même de l’entrepreneur. Sans l’espérance de la récompense à recevoir, sans doute que tous ces éditeurs n’auraient pas déployé autant d’efforts et ni fait preuve d’une si grande opiniâtreté.
De nos jours cette motivation liée à l’espérance du gain est toujours là. Elle est l’expression monétaire de l’intérêt personnel qui anime avec toujours autant de force et de dynamisme le monde économique. Sauf que son terrain de jeu n’a plus rien avoir avec celui du 18ème siècle.
Les éditeurs du XXIème siècle ne raisonnent plus comme ceux d’avant. Leurs besoins sont tout autres. Les données ne se limitent plus à quelques ouvrages papier. Elles sont désormais entreposées dans de gigantesques datas dont l’accès est réservé à ceux capables d’acquérir des technologies de plus en plus couteuses. Le développement d’internet, la création des plates-formes, la place prise par les réseaux sociaux, sans oublier le numérique qui a révolutionné les supports, ont contribué à accroitre le besoin de capitaux des entreprises de l’édition. Cela a eu pour effet de les rendre sensibles à leur financement et engendré un changement dans leur façon de gérer. Leur attention est désormais centrée sur la finance et le profil de leur dirigeant en a été impacté. D’ingénieurs ils sont devenus financiers.
Ces bouleversements se sont accompagnés d’une autre évolution. La place déterminante prise par les marchés financiers a eu pour effet de les rendre de plus en plus attentifs à la capacité d’une structure à performer financièrement, renforçant, par là même, la vision prospective de ses résultats.
L’intégration d’outils modélisants, a peu à peu accentué cette tendance et l’entreprise n’a plus été perçue que comme un instrument potentiel de gains financiers.
Il s’en est suivi une financiarisation de l’économie qui se caractérise par l’hégémonie des marchés sur lesquels règnent en maîtres les GAFA au point de rendre les États sensibles à leurs performances.
Au siècle des lumières Adam Smith, pour qui le marché libre était la structure optimale dans laquelle des individus rationnels pouvaient faire avancer leur intérêt personnel, faisait l’hypothèse de la main invisible du marché pour réguler l’économie.
Il serait sans doute bon qu’elle se manifeste de nos jours.
Le Dictionnaire de Commerce a marqué son temps. Ayant pris naissance dans le 17ème siècle, il est le témoin de la technique d’impression et aussi de celle de la conception du monde de son époque. À partir de ses connaissances a été conçu une autre approche plus dynamique, plus scientifique apportant une cohérence supérieure aux matières étudiées.
C’est ainsi qu’un cycle s’est alors lentement fermé pendant qu’un autre s’ouvrait progressivement.
Nous sommes à une même période clé de notre évolution. L’ancienne façon de produire, d’approcher les sujets, d’accumuler des connaissances, apparait comme dépassée sous l’impulsion de la révolution numérique. Nos manières de travailler, d’échanger et de penser sont ébranlées par la vitesse irrépressible du changement. L’adaptation devient une urgence pour se maintenir dans le rythme du temps présent.
Pourtant il est bien inutile de s’en désespérer.
L’enseignement que nous a légué les Lumières, avec l’Oser Savoir, nous apporte la clé . Cette part universelle de l’homme qui lui impose de s’adapter.
Ainsi on accompagnera le progrès dans la bonne direction.
« ce que l’on ne peut empêcher, il faut le vouloir ! »
Il me reste un dernier mot avant d’achever totalement mon intervention.
Un de mes amis m’a fort justement rappelé que la conservation du patrimoine faisait partie intégrale de la Culture.
C’est donc en revenant à ces 16 kg et ces 6.000 feuilles que je vais conclure.
Ce seront, comme je vous l’avais indiqué, des propos de remerciements à ceux qui, chacun à son niveau, ont permis de restaurer ces 5 volumes de 1759.
Les premiers sont pour Sylvie et Christian JALABERT, des amis de très longue date, qui sont par ailleurs des chineurs d’objets anciens hors pair. Ce sont eux qui, il y plus de 30 ans ont récupéré, au travers d’un amas de livres issus très certainement d’une bibliothèque d’un juriste amateur de livres anciens, ces volumes alors exposés à la pluie et au vent. Ils me les ont donnés quelques temps après ma prise de fonction à la présidence du tribunal de commerce en me disant que je saurais quoi en faire. Je les ai fait vivre par ma conférence.
Qu’ils en soient remercier
Je voudrais ensuite saluer Jean-Louis PICCIN, membre associé de l’Académie, Vice-Président du Tribunal de Commerce. C’est à lui que j’ai montré ces 5 pavés en premier. En bon capitaine d’entreprise qu’il est, il a immédiatement souhaité qu’ils soient restaurés pour sauvegarder l’enseignement qu’ils contiennent. Il l’a rendue possible. Un grand merci à lui.
Rien n’aurait été possible sans l’Association des Juges Consulaires de Montauban, ni de Lucienne GERBAUD, Vincent CAMINEL et Marc TERRANCLE qui, au travers leurs propres structures, ont fait oeuvre de mécénat pour que la restauration des livres puisse se réaliser. Ils ont toute ma gratitude.
Et puis il y a Marco MACHEDA, le relieur d’Art à Caussade, qui a exécuté les travaux de restauration des 5 volumes. Il les a restaurés avec l’excellence des maîtres relieurs du XVIIIème siècle. Il a toute mon admiration pour le travail accompli. Merci à lui.
Ces volumes sont désormais entre les mains des Juges Consulaires du Tribunal de Commerce de Montauban.
Il se feront, j’en suis certain, un plaisir de les mettre à disposition de ceux qui voudront les consulter.
Je vous remercie de votre attention.
[1] Recueil de l’Académie de Montauban - Tome XXI - page 173
[2] On appelle « opération de la taille » une opération ancienne qui consiste à inciser la chair et la vessie pour extraire la pierre (ou calcul).
[3] Perrot Jean-Claude. Les dictionnaires de commerce au XVIIIe siècle.
[4] J Attali, Diderot ou le bonheur de penser - Fayard collection Pluriel 2013
[5] Robert Darnton - L’aventure de l’Encyclopédie 1775-1800 -Seuil 1992