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LA LETTRE MENSUELLE DE L'ACADÉMIE

 

 

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Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de Montauban

Juin 2024

N°76

 

LES ACTUALITÉS DE L’ACADÉMIE

1. Le mot du Président : p. 2

2. La séance publique du 3 juin : p. 3-7

3. CFM : les rendez-vous de l’Académie. 42ème édition, enregistrée le 24 juin : p. 8

4. La séance publique du lundi 1er juillet : p. 8-9

5Le colloque de l’université de Brest « Eloge du politiquement correct », 3-5 juillet 2024 Montauban, Ancien Collège

6 . Les publications de l’Académie : p. 9

 

1. Le mot du Président

La pluie et le beau temps...

L’été, entamé par des séquences particulièrement pluvieuses, a enfin surgi.  Nous voici imaginant, espérant,  sur des terrasses ou  dans des jardins, des soirées conviviales. Vraisemblablement aussi de nourritures  terrestres, la table ne se concevant sans le  partage.  Tout cela contribue, avec les retrouvailles familiales auxquelles l’été est propice, aux plaisirs de cette saison. 

Toutefois la météorologie, qui se veut scientifique et prévisionnelle, nous rappelle  s’il en était besoin, sa part d’aléatoire, ce qui nous incite à un peu d’humilité, car « nous ne faisons pas  la pluie et le beau temps ». L’actualité récente nous a malheureusement fait découvrir comment certains épisodes climatiques ont pu ravager des communes du Pas-de-Calais, du Maine-et-Loire, de la vallée de la Vésubie, laissant leurs habitants dans des situations catastrophiques…

Les grecs de l’antiquité , devant leur impuissance dans ce domaine, expliquaient ces évènements  par des querelles  de ménage entre  Zeus et Héra, ou par des colères de Poséidon, ou encore par des furies d’Eole,. L'Odyssée en témoigne. Cela ne veut pas dire que nous ayons la nostalgie de la pensée antique. Reconnaissons simplement que cette mythologie révèle plus de charme, voire de poésie que les cartes météo auxquelles les différents médias nous ont accoutumés.

Face à ces aléas, à ces caprices de la nature, laissons la conclusion à Pascal  :  «  L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser ; une vapeur, une goute d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui. L’univers n’en sait rien. »

2 - La séance publique du 3  juin

(Compte rendu rédigé par Pierre Gauthier)

Le président ouvre la séance à 17 heures, en évoquant deux anniversaires, celui du massacre des étudiants chinois sur la place Tien An Men, dans la nuit du 2 au 3 juin 1989, et celui de la fondation de la Ligue des Droits de l’Homme, le 4 juin 1898.

Le secrétaire général donne le calendrier de l’actualité culturelle du mois avec des manifestations à l’UTAM, notamment ses ateliers, à la SMERP, à la Société historique et archéologique, à la Ferme des Lettres.

 

Puis le président présente le conférencier, Jordi Passerat, prêtre, docteur en théologie, professeur émérite à l’Institut Catholique, Mainteneur des Jeux Floraux, Majoral du Félibrige depuis 1997, élu à l’Académie en 1980, à l’âge de 31 ans.

Sa conférence a pour titre « Les 700 ans du Gai Saber ».

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J. Passerat a souhaité raconter une aventure, celle de l’Académie des Jeux Floraux, qui a fêté le 3 mai ses 700 ans (il signale l’ouvrage collectif consacré à cet anniversaire). Son exposé est illustré de nombreuses citations de textes en occitan médiéval, accompagnées de leur traduction.

Cette histoire commence par une promenade poétique, celle du premier troubadour, Guilhem IX d’Aquitaine, comte de Poitiers, chevauchant d’Agen vers Toulouse, capitale du Languedoc.

Toulouse connaît en mai 1324 un grand évènement, « un grain de folie », avec la création de la Sobregaya Companhia de Gai Saber, par 7 fondateurs, «les Mainteneurs » (champions, défenseurs), autour d’un programme : « saber far bons dictatz en roman »(savoir faire de belles pièces en Occitan) ce qui recouvre louer Dieu, notre Seigneur et ses saints, instruire les ignorants, retenir les amants fous et sots, vivre avec joie et allégresse, fuir l’ennui et la tristesse, ennemis du Gai Savoir.

Nous sommes devant une tentative de retrouver le temps où l’Occitan, langue du « trobar », rayonnait dans toutes les cours européennes. Le mouvement troubadour est sur le déclin. Les mainteneurs veulent redonner sa dignité à la langue d’Oc (dite aussi romane), menacée par l’arrivée de la langue d’oil avec le nouveau pouvoir)…

Ils invitent donc à trois jours de fête, au verger des Augustines, le 1er Mai 1324, « per chantar et s’esbaudir per que volem far entendre nostre saber ».Cette fête est organisée autour d’un concours de poésie, donnant lieu à l'attribution d’une violette d’or (offerte par les Capitouls)

Le cérémonial suivi par le Consistoire des 7 troubadours sera repris pendant des siècles, presque immuable.

Le premier lauréat sera Arnaud Vidal, de Castelnaudary.

Le contexte : une période troublée, marquée en 1320 par le passage à Toulouse des sinistre pastoureaux, en 1321 par la chasse aux lépreux. En 1325, premiers affrontements de la guerre de 100 ans.

Les Mainteneurs sont des commerçants ou des hommes de loi. Parmi eux un seul poète, Bernard de Panassac, une sorte de François Villon, petit noble venu de l’Astarac, qui sera couronné un jour, comme Ramon de Cornet, prêtre séculier puis franciscain, originaire de Saint Antonin Nobleval, désigné souvent comme le dernier troubadour, et qui mettra la langue des troubadours au service de la mystique franciscaine la plus épurée.

Les Mainteneurs s’attachent rapidement à leur organisation en Consistori del Gai Saber, qui prendra petit à petit un tour assez universitaire, avec une sélection des docteurs en Gay Saber et  remise d’un diplôme. Guilhem Molinié, lui-même troubadour, est chargé d’un travail de codification et d’organisation. Il est l’auteur des « leys d’amor », vaste œuvre d’érudition, somme d’austères règles de grammaire et d’art poétique, manuel de morale et de bien vivre. Guilhem Molinié veut embrasser la totalité des savoirs universitaires déclinés sous la forme de 9 sciences.

Il propose comme norme linguistique aux poètes de son temps la langue de Toulouse, devenant norme universelle.

Il crée un nouveau style de poésie, « mariale et florale »

Le conférencier évoque les derniers troubadours : outre Arnaud Vidal et Ramon de Cornet, déjà cités, Peire de Lunel (de Montech) et Gaston Fébus,

Il signale la création de nouvelles récompenses : à la violette s’ajoutent l’églantine, le souci puis l’amarante et le lys.

Il évoque le mythe isaurien, l’invention de Clémence Isaure, à partir du concept de clémence, apparu en 1489 (on lui a même trouvé une statue).

Avec le temps, on note l’abandon progressif de l’occitan dans le concours de poésie et la transformation du consistoire en un collège de rhétorique (aux 7 mainteneurs s’ajoutent des maîtres es jeux floraux)

En 1694 ce collège est transformé par Louis XIV en Académie des Jeux Floraux.

Deux évènements plus récents sont signalés :

En 1771, le jeune   Fabre, de Carcassonne, âgé de 20 ans, remporte le Lys, mais Fabre du Lys sera plus connu comme Fabre d’Eglantine.

En 1819, trois récompenses sont attribuées au jeune Victor Hugo (17 ans)

            « Toulouse la romaine où en des jours meilleurs

            J’ai cueilli tout enfant la poésie en fleurs »

Et le conférencier de laisser la conclusion à Antonin Perbosc qui écrivit en 1924, pour le 6ème centenaire :

            « O violeta, englantina, gaug

            Forissetz tant o mai unfanosas qu’antan

            Per l’honor de Tolosa et del verbe occitan »

A la fin de cette conférence très appréciée, le Président évoque l’auteur des paroles du Se canto et l’œuvre de Claude Nougaro ; il estime que, s’agissant de Clémence Isaure, la légende est plus belle que la réalité, il est donc préférable de préserver la légende…

A une interpellation sur un déclin de la poésie comme genre littéraire, J Passerat répond qu’elle connaît un nouveau souffle ; il y a beaucoup de poètes à découvrir.

3 - CFM 42ème émission enregistrée le 24 juin 

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Michel Lacotte était invité de l’émission  animée par Anne Lasserre, en l’absence de Maurice Petit.  C’est le terme « bénévole » qu’a décliné « la fortune du mot » : en effet l’invité compte près de 45 ans de bénévolat, et de surcroît, il est président de Bénévolat 82. L’entretien a permis  de découvrir ses centres d’intérêt, ses actions associatives, mais aussi son expédition sur le  voilier Belem au profit de jeunes en difficultés, sa pratique quotidienne du cyclisme. Il a aussi évoqué son village natal du Limousin très  proche du tristement célèbre Oradour-sur-Glane…

L’illustre célébré par Anne  était  le prêtre et écrivain Bertrand de Latour (1701-1780), qui fut l'un des fondateurs de l’Académie et son Secrétaire perpétuel.

Robert d'Artois a, quant à lui, choisi comme “livre du mois” Un certain art de vivre, de Dany Laferrière (Grasset, 2023) dont il a lu quelques aphorismes savoureux.

Le lien pour écouter l'émission est le suivant : https://www.cfmradio.fr/michel-lacotte

4 - La séance publique du 1er  juillet

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Une séance particulière puisqu' il s’agit de la réception par Geneviève André-Acquier, qui fut la première femme présidente de notre Académie,  de notre nouvelle consœur Edmée Ladier, élue au 37ème fauteuil, vacant depuis la démission de Madame Christiane Vallespir dont elle prononcera l’éloge avant de présenter sa conférence sur Bruniquel et les débuts de l’archéologie préhistorique en France.

L’existence d’une humanité très ancienne est actuellement reconnue par tous. Mais la Préhistoire en tant que discipline scientifique est née il y a à peine 160 ans. Les travaux menés en Périgord dès 1863 par le marquis de Vibraye puis Edouard Lartet et Henry Christy ont mené à la découverte d’objets en silex, d’armes et d’instruments domestiques en os ou bois de renne, et d’œuvres d’art remarquables. Mais on sait moins que des recherches ont été menées parallèlement, dès 1862, à Bruniquel et dans ses environs. Les travaux de l’abbé Pottier, du vicomte de Lastic Saint Jal, de Victor Brun, de Peccadeau de Lisle ont été à l’époque considérés comme aussi importants que ceux menés dans la vallée de la Vézère. Ces chercheurs ont mis au jour un nombre considérable d’objets et d’œuvres d’art qui ne le cèdent en rien à leurs homologues périgourdins. Victor Brun en particulier a fait un travail scientifique rigoureux, salué à l’époque par les chercheurs aussi réputés qu’E. Lartet puis E. Cartailhac.

Les publications de ces travaux aux résultats spectaculaires ont nourri l’émergence et le développement de la Préhistoire en tant que discipline scientifique. Ils ont aussi très largement contribué à sa popularisation, comme en témoigne le nombre d’ouvrages de vulgarisation, qui jusque dans les années 1900, mentionnent et illustrent les sites de Bruniquel.

 

5 - Le colloque de l’université de Brest « Eloge du politiquement correct », 3-5 juillet 2024 Montauban, Ancien Collège (colloque ouvert au public, entrée gratuite) sous le patronage de notre Académie a pour sous-titre : « Pour une réévaluation d’un discours modérateur contemporain… »

Ci-dessous le texte de présentation des organisateurs :

Apparu dans les années 1970 aux Etats-Unis, le politiquement correct désigne à ses débuts les formes de discours destinées à lutter contre les discriminations affectant les minorités et les groupes marginalisés. Cependant, et particulièrement en France, le politiquement correct a suscité de nombreuses critiques. On lui a ainsi reproché d’instaurer un nouveau conformisme langagier, fait de stéréotypes et de formules figées, ce qui peut faire douter de sa sincérité.

Ce colloque revisite la notion de « politiquement correct » en tenant compte des critiques précédentes, mais en le recentrant sur ses objectifs initiaux : favoriser un langage de modération et d’intégration sociale face à des pratiques discriminatoires. La réhabilitation de cette notion est d’une actualité brûlante en cette période où se multiplient les messages d’exclusion et de haine, notamment sur les réseaux sociaux.

Dans une telle perspective, ce colloque – qui accueille les participants de plusieurs pays – s’interrogera sur les ressources langagières aptes à redynamiser le politiquement correct dans le sens du dialogue et du respect de l’autre. De même, il abordera le problème de la sensibilisation au politiquement correct dans le cadre de l’éducation et des médias. Enfin, il évaluera la situation du politiquement correct dans divers domaines particuliers (littérature, internet, médecine, etc.).

 

 6 - Publications de l’Académie

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 Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de Montauban

Mai 2024

N°75

 

 

LES ACTUALITÉS DE L’ACADÉMIE

1. Le mot du Président : p.2

2. La séance publique du 6 mai : p. 3-7

3. CFM : les rendez-vous de l’Académie. 41ème édition, enregistrée le 15 mai : p.8

4. La séance publique du lundi 3 juin : p. 8-9

5. Les publications de l’Académie : p. 9

1. Le mot du Président

Célébrons les ponts !

Bien sûr, les traditionnels ponts de mai sont agréables et appréciables, puisqu'ils provoquent une rupture des séquences de travail. Ils permettent de se ressourcer, de se retrouver en famille ou en amitié. Si, de surcroît, le temps est au «grand beau» ce sont de très agréables moments pour profiter pleinement de la nature au cours de balades, randonnées, occasions de découvertes et autres activités dont je ne vous imposerai pas une énumération au vu de leur immense variété...

A vrai dire, ce n’étaient pas ces ponts de rupture que je voulais évoquer... Mais les ponts qui relient, ceux que les mots tissent entre les hommes. Je prends ce bel exemple des Africains du Sud disant à Nelson Mandela lors de la réconciliation et de la fin de l’apartheid : « Madiba tes mots sont des ponts entre nous ».

Les ponts relient les hommes, les quartiers des villes : à Montauban le Pont Vieux entre la ville haute et Villebourbon, à Toulouse le Pont neuf relie Saint- Cyprien au centre, en Hongrie Buda à Pest, et le Pont-Euxin (étymologiquement « mer hospitalière ») l’Europe à l’Asie Mineure. Ce n’est donc pas sans raisons que Darwin écrivait que « trop longtemps les hommes ont construit des murs et il serait temps qu’ils construisent des ponts ».

Mais à côté de ces ponts édifices, il y a les ponts de l’esprit, le rôle des pontifes (pontifex, en latin) c’est celui qui relie, qui fait le lien entre le sacré et la société, réunit, construit une communauté, une assemblée, une cité, et par extension une politique. C’est ainsi que Federico Mayor, directeur général de l’UNESCO, incitait à « jeter des ponts entre les idées, les savoirs et les énergies ». C’est cette dimension qui me fait dire à l’envi : « Vive les ponts !»

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3. La séance publique du 6 mai

Compte rendu de Pierre Gauthier

Le Président ouvre la séance à 17 heures, et passe la parole au secrétaire général adjoint, Philippe Bon, qui présente, comme il est de coutume, l’actualité culturelle à Montauban, en signalant tout particulièrement les conférences de Charles Matharan à l’UTAM et celle de notre collègue Alain Visentini sur « Marc Aurèle » à l’Université Populaire.

Le Président rappelle ensuite que nous célébrons, aujourd'hui 6 mai, le trentième anniversaire de l'inauguration par François Mitterrand et la Reine Elizabeth II du tunnel sous la Manche. Puis il présente notre conférencier, Robert Verheuge, qui doit traiter un sujet vaste et très important puisqu’il s’agit d’« une ambition contrariée : la Cinquième République, des politiques culturelles aux loisirs de masse »

Nous avons la chance, dit Robert Verheuge, de vivre dans un pays où l’Etat a presque toujours été préoccupé de l’art et des choses de l’esprit, avec, depuis le XVIe siècle, une remarquable continuité, mais sans parvenir à hausser la culture au rang des aspirations fondamentales. 

 

 

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Il y a politique culturelle quand les pouvoirs publics ont une vision globale de la place et du rôle de la culture dans la société, avec ses finalités, ses objectifs et ses moyens.

Le conférencier rappelle la définition particulièrement large de la culture qu’en a donnée l’UNESCO en 1982 (conférence de Mexico) : l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social, englobant, outre l’art et les lettres, les modes de vie, les systèmes de valeur, les traditions et les croyances.

Robert Verheuge n’ira pas si loin dans son approche de la culture, qui passe par le préalable de la citoyenneté. Il observe que c’est le plus souvent dans l’espace public que se construit et s’exprime la dimension esthétique de l’appartenance et de la sociabilité.

Il passe rapidement sur les approches totalitaires d’une politique culturelle qu’ont connues certains pays, avant de noter que nous sommes entrés dans le temps du prêt-à-porter artistique, de la concentration industrielle, de l’achat des produits culturels propres à une civilisation de masse où l’évènementiel recouvre et annexe le véritable culturel.

Nous sommes le pays de l’exception culturelle, concept qui relève du droit international, qui fonde des limitations au libre échange dans ce domaine en vue de soutenir et de promouvoir nos artistes, avec,par exemple,deux applications pratiques, bien connues, de ce concept, le prix unique du livre et le financement de la production cinématographique via le CNC.

Si l’on remonte aux origines de cette exception culturelle il faut évoquer l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, la création de l’Académie française et celle de la Comédie-française, parmi les plus connus des très nombreux épisodes qui se succèdent tout au long de cinq siècles.

Après ces rappels rapides mais indispensables des concepts de base de notre politique culturelle, Robert Verheuge aborde la politique culturelle de la 5e République en distinguant, dans ses 66 ans, quatre périodes.

 

La première (1958-1969) voit une cohabitation du rêve gaullien de grandeur et des idées du Front Populaire. Elle est dominée par la figure d’André Malraux à qui de Gaulle apporte une « utopie globalisante ».

Le conférencier observe que ce ministère de la Culture, créé pour Malraux, ministère au périmètre du reste instable et aléatoire, a vu passer 26 ministres mais que seuls deux couples Président-Ministre ont su laisser une politique culturelle ambitieuse et fondatrice, De Gaulle et Malraux, puis Mitterrand et Jack Lang.

En 1961, le Conseil Supérieur du Plan officialisait » l’entrée de l’action culturelle dans le vocabulaire officiel : « ce qui vise à maintenir la culture vivante, la transmettre, la répandre, réduire les inégalités dans l’accès à l’art et aux choses de l’esprit »

Les Maisons de la Culture, ces nouvelles cathédrales, des équipements uniques au monde, sont créées, mais avec le risque de s’en tenir à un petit nombre de projets prestigieux.

Mais en même temps, le secrétariat d’Etat à la jeunesse et aux sports, dirigé par l’alpiniste Maurice Herzog, accompagne la création d’équipements socio-culturels « qui poussent comme des champignons », financés par les collectivités locales et par l’Etat.

La France est donc quadrillée par de grandes institutions culturelles prestigieuses mais aussi par un réseau d’une toute autre nature, confié et dédié au social et à l’animation.

Au bilan immense d’André Malraux, ministre de 1959 à 1969, une multitude de grands chantiers ouverts que chacun a présents à l’esprit.

La seconde période, de 1969 à 1981, est marquée par des espoirs et des déceptions.

Sous Georges Pompidou est lancée la création du Centre National des Arts et de la Culture (Beaubourg) et la transformation de la gare d’Orsay.

Et la loi Toubon réaffirme le principe de l’exception culturelle.
La troisième, de 1981 à 1993, est celle de Jack Lang (Ministre de 1981 à 1993) mais aussi de François Mitterrand soi-même.

Le budget du ministère de la Culture est doublé, un programme très important de grands travaux est lancé. Le Ministre étend d'ailleurs son champ d’intervention à des domaines qui étaient considérés comme marginaux, comme les arts de la rue, le rap, la bande dessinée.

Il faut se souvenir aussi du lancement de la Fête de la Musique, une très grande réussite, et de la célébration du bicentenaire de la Révolution.

Le conférencier rappelle également que dans le domaine de la chanson la France est première au monde et cite trois manifestations ; le Printemps de Bourges, les Francofolies et Alors Chante.

Il est souvent reproché à Jack Lang une pratique « parisienne et salonarde », une culture de cour avec ses mœurs, ses travers et ses grimaces (Michel Schneider), le désintérêt pour l’éducation populaire, une dichotomie entre culture régalienne et culture de terrain mais il n’en est pas moins vrai que le ministère de la culture sous Jack Lang a favorisé, de façon très volontariste, invention et création.

Entre l’époque De Gaulle/Malraux et l’époque Mitterrand/Lang, on observe une grande continuité, accompagnée d’adaptations tenant compte des mutations de plus en plus rapides de la société.

Robert Verheuge voit dans la quatrième période, depuis 1995 jusqu’à aujourd’hui, le temps des paradoxes.

Certes on peut citer la création sous Jacques Chirac du Musée des Arts Premiers, et l’inauguration sous François Hollande du Mucem, de la Fondation Vuitton et de la Philarmonique de Paris, mais il note une rupture entre la gauche de gouvernement et la culture.

La France répond au défi lancé par l’incendie de Notre-Dame, et soutient financièrement les acteurs et institutions culturelles pendant le confinement et la pandémie, mais le Président de la République déclare qu’il n’y a plus de culture française mais des cultures de France.

Où en sommes-nous ?, demande Robert Verheuge dans sa conclusion.

Jamais il n’y a eu autant de moyens mis dans la culture que depuis le début de la cinquième République, et d’efforts pour la démocratiser.

10 à 20% des Français accèdent, dans la « sphère publique », au monde des idées et de l’art, et ce secteur dégage une valeur ajoutée de 46 Milliards d'€ alimentant le PIB.

Le bilan de ces 66 dernières années serait donc positif s’il n’y avait deux facteurs d’inquiétude :

-Le développement du numérique, accompagné par une inévitable dérégulation du marché cognitif, qui produit de façon massive ignorance, confusion et intolérance.
-L’Etat reste incapable de hausser la culture à la hauteur d’aspiration fondamentale, pire, il n’y a plus de grande ambition dans ce domaine.

Vivement appréciée par un public nombreux, cette conférence suscite de nombreux commentaires, et questions.

Au président qui regrette que l’Europe s’illustre plus par son marché que par sa richesse culturelle, tout en saluant la réussite de l’Euro monnaie unique, Robert Verheuge répond en citant le plein succès du programme Erasmus et en rappelant que Marseille fut un temps capitale européenne de la culture.

S’agissant de l’éducation populaire, à laquelle le conférencier comme le président sont très attachés, celui-ci cite le rapport Condorcet de 1792, qui en précise les objectifs et les contours : « Nous avons observé, enfin, que l'instruction ne devait pas abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles ; qu'elle devait embrasser tous les âges ; qu'il n'y en avait aucun où il ne fût utile et possible d'apprendre, et que cette seconde instruction est d'autant plus nécessaire que celle de l'enfance a été resserrée dans des bornes plus étroites. »

En définitive, cette politique ne peut se juger que sur le temps long, elle bénéficie d'une certaine continuité en profitant de la vitesse acquise.

 

3. Les rendez vous de l’Académie : 41ème émission CFM , enregistrée le 15 mai

Notre invité étant ce que l’on appelle dans un élogieux jargon « un voileux », c’est donc le mot voile qui fit « la fortune du mot ».
L’entretien avec l’invité Robert Verheuge a permis de découvrir un itinéraire en grande partie autodidacte, avec un cheminement au coeur de responsabilités importantes, que ce soit dans l’univers culturel – direction du centre de Saint Maximin – ou dans l’éducation populaire, comme délégué général de l’association Leo Lagrange. Mais aussi un appétit pour les échanges et dialogues humains intergénérationnels comme interculturels.

Anne Lasserre pour sa part avait choisi comme «illustre» Paul Buffa, humaniste qui fut à deux reprises président de notre Académie. Montmartre était le lieu célébré par notre invité. Et Maurice Petit lut le poème élu par Robert Verheuge, « Credo » de Lucien Jacques . Enfin, Robert d'Artois signala, comme « Livre du mois », l’Histoire des préjugés , insidieux qui se travestissent en « sagesse des nations » pour mieux duper (39 articles publiés sous la direction de Jeanne Guérout et Xavier Mauduit, éd . Les Arènes, janvier 2023).

4. La séance publique du 3 juin

C’est à l'occasion de la célébration des 700 ans de l’Académie des Jeux floraux, à laquelle il a participé comme plusieurs membres de notre Académie, que Jordi Passerat, «mainteneur des Jeux Floraux», nous entretiendrade leur histoire : « 1324-2024, les 700 ans des Jeux Floraux de Toulouse et la naissance du Gai Saber ». La plus ancienne Académie d’Europe a inventé les Jeux floraux pour sauvegarder l’héritage des troubadours et donner sa dignité à la langue d’Oc. Les manuscrits précieux des «Leys d’Amors» nous offrent ainsi la première grammaire d’une langue moderne et un traité de rhétorique pour apprendre à bien écrire en versifiant sur tous les thèmes du savoir. Cette véritable encyclopédie, écrite en occitan, révèle le rôle de capitale intellectuelle auquel aspirait la ville de Toulouse en cette fin du Moyen Age.

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5. Publications de l’Académie

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  • -  Du Tarn-et-Garonne aux Tranchées : nos poilus : 15 €.
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 Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de Montauban

Avril 2024

N°74

Sommaire:

1. Le mot du Président : p. 2

2. La séance publique du 8 avril : p. 3-6

3. CFM : les rendez-vous de l’Académie. 40ème édition, enregistrée le 15       avril : p. 6

4. La séance publique du lundi 6 mai : p. 7

5. Les publications de l’Académie : p. 8

  

Le mot du Président

Voyager...

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D'après Homère, le périple du retour d'Ulysse vers Ithaque fut difficile, éprouvant, surprenant, semé d'embûches…Cette Odyssée est une mémorable épopée ! Pourtant  le sonnet de Du Bellay Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… suggère l'enrichissement que le héros, comme « celui qui conquit la toison » a retiré de cette aventure. Préfiguration de la banale assertion « les voyages forment la jeunesse » ! Bien que toujours actuelle, cette affirmation n'est pas exclusive : toutes les classes d’âge ont perçu l’intérêt, le plaisir du voyage et  s’y adonnent sous des formes multiples et variées… Voyages  ou  simples déplacements ?

Voyager  réellement c’est rencontrer, découvrir, admirer, partager, échanger, ouvrir les yeux, les sens,  les  appétits, les goûts… C’est évidemment dans cet esprit que les voyageurs du XIXème siècle faisaient « le tour »  des capitales et villes célèbres de l’Europe, ce qui donnera le mot « touriste »…  On n’en était pas aux excès que nous connaissons : le « surtourisme » dont certaines villes, voire certains pays commencent à se protéger, pour ne rien dire de l'affligeante expression, devenue leitmotiv : « j’ai  fait la Grèce, l’Italie etc … »

Il importe à l'inverse de faire l’éloge  du  « vrai » voyage  comme  ouverture aux autres et au monde, même si l’on peut aussi voyager dans sa tête : « autour de [sa] chambre », selon Xavier de Maistre.

« A quoi te sert de voyager si tu t’emmènes avec toi ? C’est d’âme qu’il te faut changer, non de climat » nous conseille Sénèque. Avec la belle saison qui vient voyageons donc l’esprit grand-ouvert.

Ce que préconisait  déjà Montaigne.  Marguerite Yourcenar pour sa part attribue à Hadrien dans ses  Mémoires  cette déception devant le faible nombre d’esprits voyageurs  :  « Peu d’hommes aiment longtemps le voyage, ce bris perpétuel de toutes les habitudes et cette secousse sans cesse donnée à tous les préjugés. 

 

2. La séance publique du 8 avril

Le Président ouvre la réunion à 15h, devant une assistance nombreuse, en passant la parole au Secrétaire Général qui donne, comme à l’habitude, le calendrier des manifestations culturelles du mois.

Celui-ci souligne en particulier le Salon du livre qui se tiendra le dimanche 28 avril au  foyer du Fort. Il signale aussi que l’Institut d’Etudes Occitanes célèbrera les 20 et 21 avril le 80e anniversaire de la mort d’Antonin Perbosc, avec une conférence de Norbert Sabatié.

Le Président indique aux membres associés, à jour de leur cotisation, qu’ils pourront retirer le recueil  des conférences 2023 à l’issue de cette séance.

Il salue  l’arrivée de l’impétrant : Pierre Desvergnes, accompagné par ses parrains, Anne Lasserre et Norbert Sabatié.

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Ce dernier commence la présentation de notre nouveau membre titulaire par une interpellation : « apprendre vous motive » puis il évoque ses origines quercynoises, plus précisément de la région de Caylus, et son itinéraire professionnel qui l’amènera dans la Sarthe, puis aux Mureaux où il sera conseiller municipal, et en Normandie, où il passera une douzaine d’années, sur les traces d’Alphonse Allais auquel il a consacré une conférence qui a ravi notre Académie le 6 février 2023 (« le Pote Allais »). Il fréquente le comédien Jean-Marie Proslier.

Revenu dans notre région il y a une quinzaine d’années, il assume la présidence de la Compagnie des écrivains de Tarn et Garonne depuis 2019 et a créé il y a trois ans le Salon du livre (dont la prochaine édition, signalée en début de réunion, accueillera Mme Julie Gayet).

« Vous êtes – conclut N. Sabatié -  un pince sans rire au grand cœur et nous vous accueillons pour le meilleur et pour le rire ».

Pierran Desvergnes remercie l’Académie pour son accueil, en particulier ses parrains (et marraine, Anne Lasserre est « plus qu’une fleur, un bouquet ») et fait l’éloge de son prédécesseur au 24e fauteuil, le Docteur Philippe Rollin.

Ce dernier, né à Montauban en 1924, père de cinq enfants, fixé Faubourg du Moustier, qualifié en pédiatrie, fut élu dans notre Académie en 1994 au fauteuil de l’abbé de Vezins.

Il manifesta un goût prononcé pour les archives et nous représenta jusqu’en 2005 à la Conférence nationale des académies. 

L’impétrant remarque  en souriant qu’un « modeste infirmier » va siéger à la place d’un éminent médecin dans une compagnie dont une des raisons d’être est « l’encouragement au bien »

Sous le titre « Au pied de la lettre » il présente ensuite sa conférence sur les riches échanges épistolaires entre deux très fortes personnalités de notre paysage littéraire et artistique, Marcel Pagnol (1895-1974) et Jules Muraire dit Raimu (1883-1946), en toute  amitié et liberté : des propos que l’air du temps permettait et qui feraient sans doute  froncer les sourcils aujourd’hui…

Son exposé est alimenté par de nombreuses citations tirées des lettres que ces deux personnalités ont échangées entre 1929 et 1946, échanges marqués par de nombreuses « fâcheries » suivies de réconciliations entre deux hommes liés par une très forte amitié.

Le contenu de ces échanges, souvent très directs, a porté sur les rôles confiés à Raimu, sur aussi le montant de ses cachets, et beaucoup sur la distribution des rôles dans les pièces puis les films qu’ils ont montés ensemble.

Les lettres citées portent majoritairement sur la trilogie Marius-Fanny-César mais aussi beaucoup sur  La Femme du Boulanger. D’autres œuvres sont mentionnées comme Le  Schpountz , Topaze   et  La Fille du Puisatier .

C’est au théâtre Marigny qu’est née en 1929, avec de premiers échanges déjà savoureux, « une amitié pleine de coups de gueule, de rires, de fâcheries et surtout des plus belles pages du cinéma français »

Pagnol, encore inconnu, propose à Raimu de jouer dans Marius mais ce dernier veut jouer le rôle de César et non celui de Panisse, ce qui conduit l’auteur à remanier sa pièce.

« On se dispute » ensuite sur l’accent des acteurs (« je cherche à défendre ta pièce et à me défendre moi ») mais finalement Pagnol impose Pierre Fresnay.

Enfin, Raimu fait un coup de force et rétablit la fameuse scène de la partie de cartes que Pagnol avait enlevée, à la suite de quoi Pagnol écrira sur la tapisserie de la loge de Raimu : « Raimu est un génie ».

« Avec Marius – lui écrit ce dernier- tu as écrit la grande comédie du père et du fils, de l’amour paternel et de l’amour filial »

« On se dispute » lorsque Pagnol veut porter   Fanny   au cinéma « parlant » : « au cinématographe, écrit Raimu, tout est mort, c’est définitif… sans aucune place pour l’amour du public »

Le troisième volet de la trilogie est porté directement à l’écran, et Raimu veut négocier son cachet à la hausse : dans la négociation, Pagnol utilise un subterfuge en laissant croire à Raimu que le film commence par l’enterrement de César...

Il a fallu convaincre Raimu de jouer dans La Femme du Boulanger : « ce sera un travail de joueurs de boule et d’avaleurs d’apéritif » écrit-il à Pagnol qui lui répond : « mon cher Jules, je te considère comme le premier ou le dernier des imbéciles, cette fois je te le dis, c’est fini… »

« On se dispute » beaucoup sur la distribution, ce qui conduit Pagnol à écrire : « je n’ai jamais eu le moindre désir de t’emmerder, même quand tu es emmerdant, ce qui t’arrive quelques fois… »

Dans ce film, les conseils de Raimu tant sur la distribution que sur le tournage sont insistants, ce qui montre bien son haut degré d’implication.

Il écrit à Pagnol : « avec le rôle dans La Femme du Boulanger , tu m’as fait un beau cadeau »

Sur Le Schpountz, « tu ne pouvais pas me faire plus plaisir en me faisant comprendre que toi aussi tu avais ri en regardant Le Schpountz ». (Pagnol)

« Avec toutes tes lettres, tu vas bientôt faire la pige, écrit Pagnol, à Madame de Sévigné, ceci n’est pas un reproche…je lis les belles à tout le monde » mais il écrit aussi : « tu n’as aucun bon sens »

Dans une autre lettre, Pagnol écrit à Raimu : « si tu fais un navet de plus j’aurai la consolation de n’y être pour rien, sur ce, bien affectueusement à toi »

La réplique de Raimu est de la même eau : « mon cher Marcel, je reçois ta lettre sur mon lit car je suis couché avec 80 ventouses, et avec toi ça fait 81…tu es un emmerdeur génial mais un emmerdeur...tu es un auteur de génie mais un très mauvais metteur en scène ».

La Comédie-Française propose à Raimu de l’engager pour jouer dans  Le Bourgeois gentilhomme   : il l’écrit à Pagnol qui lui répond en lui adressant ses condoléances.

Pagnol est présent à la clinique où Raimu doit subir une petite intervention chirurgicale, il le trouve se disputant avec l’infirmière car il veut goûter avant l’intervention une bouteille de whisky qu’on vient de lui offrir. Raimu va à pied au bloc opératoire, commande à son épouse un steck et des frites. Il ne se réveillera pas.

« Que Jules ne soit plus là me fait de la peine pas seulement parce que je l’aimais mais parce que je n’arrêtais pas de me disputer avec lui »…« Ton génie fait partie du patrimoine de la France ».(Marcel Pagnol) 

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(Compte rendu réalisé par notre confrère Pierre Gauthier).

3. CFM les rendez-vous de l’Académie 40ème émission, enregistrée le 15 avril

Entretien avec l’invité Pierre Marillaud, un itinéraire républicain…

Ainsi que les chroniques  habituelles :

« A la fortune du mot » : Intervenir
L’illustre par Anne Lasserre : Louis Cahusac : aimer à la folie !
Le livre par Maurice Petit : Laure Murat, Proust, roman familial  : comment la lecture de La Recherche » lui parle de sa famille
Le lieu choisi par notre invité : le port de la Rochelle

 Pour l’écouter  https://www.cfmradio.fr/pierre-marillaud

 

4. La séance publique du 6 mai

 

Ambitions à la baisse pour une politique culturelle initiée par André Malraux ? Une des questions posées par le conférencier Robert Verheuge…

La France se positionne comme le pays de « l’exception culturelle ». Qu’est-ce que cette expression recouvre réellement ?  Staline disait à Ramadier et à Churchill que le pouvoir ne se mesure qu’au nombre de divisions blindées. Napoléon, au contraire, a rédigé les statuts de la Comédie-Française pendant l’incendie de Moscou, parce qu’il avait évalué le pouvoir de ce qu'André Malraux appelait « les choses de l’esprit ». La Cinquième République conduit depuis 66 années une politique culturelle volontariste. Mais on peut regretter qu’elle n’ait pas articulé éducation populaire et action culturelle.

Nonobstant ce manque, la Cinquième République a conduit avec une étonnante continuité une politique culturelle que lui envient les nations démocratiques. Elle a pris appui sur des décisions, des textes fondateurs, dont certains remontent à la Monarchie et à l’Empire. Il est passionnant de découvrir ou redécouvrir la longue histoire  du développement culturel. 

Cette politique culturelle est maintenant contrariée par une tendance à l’industrialisation, à la mercantilisation et par le développement des industries du numérique, avec les conséquences que l’on sait sur nos esprits et nos démocraties.

Le conférencier, à partir de son parcours professionnel dans le monde de l’éducation populaire et celui de l’action culturelle, a pensé qu’il était temps de faire le point et de poser la question : « où allons-nous ? »

5. Publications de l’Académie

 

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  • 400ème anniversaire du siège de Montauban (1621-2021) : 15 €.
  • Le Franc de Pompignan, Homme de Lettres et citoyen : 20 €.
  • Deux siècles d’histoire de l’Académie (1730-1930) : 20 €.
  • Le voyage de Languedoc et de Provence : 10 Euros.
  • L’Axe Garonne, la terre et les hommes : 10 €.
  • Du Tarn-et-Garonne aux Tranchées : nos poilus : 15 €.

-     Dictionnaire des Montalbanais, illustres, méconnus, oubliés : 25 €.

  • Pouvillon retrouvé : 20 €.

Participation aux frais d’envoi pour une commande : 6€.

Ouvrages récents :

  • Le Handicap. La frontière ( ?) entre le normal et le pathologique. Colloque. J-L Nespoulous (ed.) : 15 euros
  • Qui êtes-vous réellement cher Blaise Pascal ? : 10 euros

Règlement, par chèque uniquement, à l’ordre de l’Académie de Montauban.

Le détail de nos publications est en ligne sur le site internet de l’Académie de

Montauban : http://www.academiemontauban.fr/publications/ouvragescollectifs

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               Académie des Sciences, des Lettres et des Arts de Montauban

Mars 2024

N°73

LES ACTUALITÉS DE L’ACADÉMIE

 

 

Sommaire:

1.Le mot du Président : p. 2

2.L’émission radiophonique des Rendez-vous de l’Académie  : p. 2

3. La séance publique du 4 mars p.3-7

4. La séance publique du lundi 8 avril : p. 7-8

5. Les publications de l’Académie : p. 9

 

Le mot du Président

 

L’échange

C’est un mot qui, depuis plus de six mois, résonne dans l’actualité : on ne parle que d’échanges d’otages… Pour ma part je préfère les échanges culturels ou sportifs, les échanges d’œuvres d’art, de savoirs, de savoir-faire, de civilités ; pourquoi pas de  recettes de cuisine…

Sans doute l’échange a-t-il  été précédé dans les sociétés primitives par le troc, mot parfois mal connoté  de nos jours… Il n’empêche qu’il est vraisemblablement  l’élan qui préside à la naissance des sociétés, et sous-entend le respect d’une égalité.

Sans doute aussi a-t-il généré les premières formes du calcul et de l’écriture pour mémoriser et consigner les tenants et aboutissants des échanges, prémices de l’économie.

Malheureusement on peut aussi échanger des coups, des horions, à éviter…Mais échanger c’est surtout discuter, argumenter, confronter des points de vue, des opinions, ce qui maintient la vivacité intellectuelle et la liberté de penser, exalte et développe les richesses humaines.  « Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis » rappelait Saint-Exupéry .

« Un homme seul est en mauvaise compagnie » disait Paul Valéry...L’échange manifeste un refus de l’isolement,  le besoin d’échanges assumé  évite de s’enfoncer dans une solitude faussement confortable. Il nous épargne aussi  l’adhésion aveugle aux idées reçues et  « libère la syntaxe et évite l’ankylose de la logique » (G. Bachelard).

Alors persistons à échanger ! C‘est bon  pour les sociétés humaines et pour le monde dont nous sommes  les citoyens.

 

2. Les « rendez vous de l’Académie » CFM 39ème émission

L’invité du jour était le président de l’association Alphonse Jourdain, l’architecte Gérard Marre, aussi président de Relience. C’est pourquoi la « fortune du mot »  a exploré les  diversités du mot “pluriel”. Le lieu que l’invité  a choisi de faire découvrir : le cirque de Parragi dans le massif des Cinque-Terre en Italie. Le livre du mois : le Tacite  de Xavier Darcos et l’illustre du mois : Edouard Raynaud. Pour écouter cet enregistrement  : https://www.cfm        radio.fr/gerard-marre

 

3. La séance publique du 4 Mars

L’Académicienne Anne Lasserre, qui a les Pyrénées chevillées au cœur, nous a expliqué comment, au fil des temps, ce massif a été apprécié.

 

 

Soit longtemps ignorées, soit objet de différents imaginaires, les Pyrénées sont maintenant fréquentées de diverses manières par des populations dont les centres d’intérêt sont disparates  mais qui en fait sont des reflets de cette évolution et permettent d’en retracer les temps forts.

Ces montagnes furent d'abord perçues comme inhospitalières. En témoigne le fondateur de notre Académie, Jean-Jacques Lefranc de Pompignan  après sa visite à Barèges  qu’il cherche à chasser de sa mémoire  « Disparaissez, objets affreux,/ Torrents dont les fougueux écarts/ Se percent des routes bruyantes/ De cascades effrayantes./ Ne fatiguez plus mes regards. »

Elles ont la double peine d’être perçues comme repaire  du diable, des sorcières, puis des contrebandiers et des brigands...

Toute méconnaissance entraîne ainsi des fantasmes, des légendes, génératrices d’erreurs et de faussetés.

Sciences et santé.

 

Mais des paysages aussi grandioses ne peuvent que susciter intérêt et envie de découverte… Voilà pourquoi la première approche se voudra scientifique, car c’est l’amour de la science  qui incite à affronter ces terres inconnues, pleines de dangers... Elles seront l’objet de nombreux rapports et d’ouvrages scientifiques dès le XVIIIe  siècle. Le plus connu est sans doute  les Observations faites dans les Pyrénées   de  Ramond de Carbonnières, secrétaire du  maréchal de Rohan qu’ il a suivi dans son  exil à Barèges….

S’y ajoutent les eaux thermales  déjà fréquentées par Jules César, puis  plus tard par Marguerite de Valois,  Catherine de Médicis, Rabelais…Madame de Maintenon amène le duc du Maine en cure à Barèges…

Mais si ces « curistes »  ne vont pas bien loin de leur lieu de cure, d’autres s’aventurent,  faisant quelques courses à cheval ou en chaise à porteurs.

Une destination branchée.

Ils découvrent quelques paysages saisissants qui vont générer une vision romantique, ainsi que les prémices d’un tourisme…, une nouvelle façon de se déplacer qui consiste à voyager pour le plaisir de la découverte et à publier son récit de voyage.

Au XIXe  siècle, les Pyrénées seront fréquentées par Chateaubriand, Rossini, Hugo, David d’Angers…  Puis Baudelaire, Flaubert, Viollet le Duc se verront offrir un séjour dans les Pyrénées pour les récompenser de leur succès au baccalauréat. Bagnères de Bigorre  sera considérée comme le lieu de France où l’on s’amuse le plus… On va dans les Pyrénées pour se montrer, se distraire, faire la fête…  On découvre les sites : Gavarnie, Cauterets et le lac de Gaube deviennent des incontournables… « il est enjoint à tout être vivant et pouvant monter un cheval, un mulet, un quadrupède quelconque de visiter Gavarnie…Les dames et les convalescents  s’y font conduire en chaise à porteurs »,  indique Hippolyte Taine dans  le guide touristique  dont il est le rédacteur…

Les voyageurs romantiques demandent à ces montagnes  de leur renvoyer l’image d’un paradis perdu et retrouvé au fin fond de la France,  comme l’Arcadie des poètes….

« Bénissez, ô bergers, votre humble destinée,/ Contents de vos vallons, heureux dans vos hameaux,/ Puissiez-vous des cités ignorer les fléaux,/ Cent fois plus dangereux pour vos douces retraites/ Que ces rocs menaçants suspendus sur vos têtes. »

En revanche, ce type de tourisme ne s’intéresse guère à la population locale, sa pauvreté et ses difficultés à vivre. En plein déni de la réalité, les voyageurs romantiques se contentent de parcourir ces vallées qu’ils qualifient d’heureuses car loin de la société porteuse de bien des maux.

Ce ne sera qu’avec les conquérants des cimes que le regard va changer…

Des sports ?  Oui, jusqu’à l’excès…

 

Parmi les premiers de ces conquérants, il faut noter le comte Henry Russell-Killough, irlandais par son père et gersois par sa mère. Après avoir arpenté l’Amérique du sud, la Mongolie, la Chine et le Népal, il   loue  pour 99 ans le massif du Vignemale, gravit des monts  encore  sans nom, notamment  celui qu’il baptise  Marboré… Après plusieurs  ascensions-découvertes, il s’étonne : « N’est-il pas singulier qu’il y ait encore à 8 heures de Cauterets, toute une région de neiges éternelles moins connues que l’Afrique ou la Lune ? »

Le pyrénéisme  en est à ses premiers balbutiements. Un genre littéraire nouveau voit le jour : le récit d’ascension. Les courses  se multiplient, rendant la montagne  moins mystérieuse, plus familière. On narre cela avec un style spécifique, proche des récits de marins explorateurs et découvreurs, à l’instar de Christophe Colomb. Mais aussi avec l’allégorie de la montagne, perçue comme une belle à conquérir.

Si l’on persiste à penser que les montagnes agissent sur le caractère, c’est dans une dimension quasi philosophique : elles seraient une école,  feraient aimer le bien et obligeraient à donner le meilleur de soi-même.

 Les deux guerres  consacrent leur dimension de frontière, mais très rapidement, à l’issue de la deuxième, après les trois glorieuses et par la naissance de la civilisation  des loisirs, ce sont toutes sortes de disciplines  sportives qui s’y développent.

De nos jours ces montagnes sont devenues une immense aire de jeux multiples et divers : parapente, rafting, canyoning, escalades de pitons mais aussi de cascades gelées. Le ski y est pratiqué dans 34 stations, y compris le ski tracté à cheval (ski-joering) ou à vtt…

Et n’oublions pas qu’elles sont  depuis  1903  le théâtre des exploits et légendes  du Tour de France cycliste, avec une affluence extraordinaire de spectateurs pour cette rare épreuve sportive gratuite.

En outre le cirque de Gavarnie, déjà comparé à un gigantesque amphithéâtre au XVIIIe siècle, est devenu depuis 1985, sous l’impulsion de François Joxe, une immense scène de spectacle sur laquelle ont été déjà représentés Dieu,  Orphée et Eurydice, Roméo et Juliette,  Le Songe d’une nuit d’été, Le Cid

En conclusion, nous pouvons dire que le pyrénéisme est un phénomène relativement récent dont l’avènement a été longuement préparé. Les traces de l’évolution du sentiment de la montagne se trouvent inscrites dans les nombreux ouvrages consacrés aux Pyrénées depuis la fin du XVIIIe siècle, mémoires scientifiques, récits de voyage, récits d’ascension, guides touristiques,  recueils poétiques et  certains romans, comme Cinq-Mars  d’Alfred de Vigny. Leur lecture montre à quel point notre  regard est circonscrit par la société et l’époque dans laquelle nous vivons.

En fin de conférence, Anne Lasserre termine par un clin d’œil reliant Montauban aux Pyrénées : dans la revue illustrée Le Quercy,  du 1er novembre 1892, l’avocat, peintre et cartographe Paul-Edouard Wallon, né en 1821 à Montauban, signe l’article  « Le Quercy et les Pyrénées »,  concluant : « Entre le Quercy, le Rouergue et les Pyrénées, il existe un lien tout à fait direct. » La conférencière estime qu’il n’est pas étonnant de compter, parmi les premiers dessinateurs de panoramas, Emilien Frossard, qui a fait ses études de théologie à Montauban. Il est à l’origine de la création  de l’observatoire du Pic du Midi. Son père, Benjamin Frossard, fut, en 1809, un des membres fondateurs de la Société des Sciences, Agriculture et Belles Lettres de Tarn-et-Garonne, qui deviendra l’Académie de Montauban.

4. La séance publique du 8 avril

 

Ce sera une séance de réception, celle de Pierre Desvergnes par Norbert Sabatié. Le nouvel académicien  lui répondra et fera l’éloge de son prédécesseur, le docteur Philippe Rollin. Sa conférence, « Au pied de la lettre », nous dévoilera la correspondance entre Marcel Pagnol et Raimu : durant 16 années, Marcel Pagnol et Jules Raimu se sont écrit. Leurs écrits épistolaires nous font rencontrer deux personnalités cocasses et différentes, mais liées par une amitié authentique. La mauvaise foi, les engueulades, l’ironie, la complicité, la tendresse, l’humanité, l’admiration qu’ils se portent apparaissent dans leurs écrits, et tout cela se dévore sur un fond de décor de Provence : le Sud !

Le contenu de leurs lettres nous ramène au théâtre et au cinéma de leur époque et fait rejaillir chez certains des souvenirs de moments fabuleux,  pour d’autres ce sera la découverte d’un auteur avec un grand A et d’un interprète avec un grand I,  loin d’un art m’as-tu vu et commercial. Le respect des textes et du public était leur préoccupation première.

La lecture de leur correspondance fera passer un moment d’intimité avec ces monstres sacrés et nous n’en sortirons pas indemnes, en compagnie de César, Marius, Fanny, la femme du boulanger et tant d’autres œuvres de Marcel servies par Jules.

L’union de ces deux immenses talents explose de bonheur pour un bouquet final salué par nos rires, notre respect, notre émotion et une soudaine envie de vivre.

Enfin les deux compères nous disent : la vérité, rien que la vérité…

Marcel Pagnol  (1895-1974),

Jules Muraire dit Raimu (1883-1946).

 

5. Publications de l’Académie

 

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  • 400ème anniversaire du siège de Montauban (1621-2021) : 15 €.
  • Le Franc de Pompignan, Homme de Lettres et citoyen : 20 €.
  • Deux siècles d’histoire de l’Académie (1730-1930) : 20 €.
  • Le voyage de Languedoc et de Provence : 10 Euros.
  • L’Axe Garonne, la terre et les hommes : 10 €.
  • Du Tarn-et-Garonne aux Tranchées : nos poilus : 15 €.
  • Dictionnaire des Montalbanais, illustres, méconnus, oubliés : 25 €.
  • Pouvillon retrouvé : 20 €.

Participation aux frais d’envoi pour une commande : 6€.

Ouvrages récents :

  • Le Handicap. La frontière ( ?) entre le normal et le pathologique. Colloque. J-L Nespoulous (ed.) : 15 euros
  • Qui êtes-vous réellement cher Blaise Pascal ? : 10 euros

Règlement, par chèque uniquement, à l’ordre de l’Académie de Montauban.

Le détail de nos publications est en ligne sur le site internet de l’Académie de

Montauban : http://www.academiemontauban.fr/publications/ouvragescollectifs

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                                                                              Robert d’Artois

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Février 2024

N°72

LES ACTUALITÉS DE L’ACADÉMIE

 

Sommaire:

 1. Le mot du Président : p. 1-2

 2 . La séance publique du 5 février p.3-5

 3. L’émission radiophonique des Rendez-vous de l’Académie  : p. 6

 4. La séance publique du 4mars.p. 6-7.

1. Le mot du Président

Retrouver les plaisirs  de  la conversation…

Chaque jour qui passe nous  apporte, via tous  les médias,  son lot d’invectives, de jugements à l’emporte-pièce, de condamnations immédiates sans analyse ni respect.

Certains en oublient que l'homme est, par essence, « un animal politique », comme le rappelait Aristote, c’est-à-dire  un être social et sociable, dimension  prônée  par l’expression imagée   dont on abuse parfois : « faire société »…

L’échange s’avère,  par le biais du langage, être  le nœud  de la vie sociale ; sans doute d’abord troc puis échange économique, enfin  d’informations,  de sensations, de peines, de joies aussi que l’on incite à partager, puis vraisemblablement de points de vue qui, mieux charpentés, deviendront des idées. 

Prendre le temps de la conversation, c’est à la fois lutter contre l’immédiateté qui nous harcelle en permanence, c’est préserver l’échange,  sous-tendu par un principe d’égalité autant que par le respect de la diversité. 

D’ailleurs le mot converser, d'après son origine latine, veut dire : vivre avec, et n'a pas d'autre signification jusqu'au seizième siècle. Conversation, qui en est le substantif, n’est longtemps employé qu'avec le sens d'action de vivre avec. Puis, tout à coup, le dix-septième siècle, fort enclin aux néologismes de signification, le limite à l’action d’échanger des propos… 

Mallarmé disait « parler n’a trait à la réalité des choses que commercialement », faisant écho à l’expression  « [commerce des hommes qui permet de] frotter et limer sa cervelle à celle des autres » que préconisait  Montaigne…

Retrouvons donc le plaisir de prendre du temps pour converser, dialoguer, échanger, bref continuer et même persister à vivre ensemble….

2. La séance publique du 5 février

(Compte rendu de Pierre Gauthier)

Le Président ouvre la séance à 17 heures, en passant la parole au Secrétaire Général qui donne, comme il est de tradition, la liste des manifestations culturelles devant se tenir à Montauban dans les prochaines semaines. On notera aussi des activités culturelles proposées à Verdun-sur-Garonne et à Caussade.

Le Président rappelle que le 6 février verra le 90e anniversaire des événements séditieux de 1934. Puis il introduit la conférence, en soulignant combien le secrétaire général de l’Académie, Jean-Marc Detailleur, qui doit la présenter, est un  amoureux des livres.

Celui-ci a choisi de parler d'un homme important, dont la trajectoire est méconnue, dans une période qui intéresse peu nos contemporains, une période toute entière tournée vers la recherche des moyens de finir une Révolution.

Alors, Elie Decazes, Rastignac ou Alcibiade ? Nous verrons bien en suivant le récit passionnant en même temps que très dense de notre collègue, qui  présente l’histoire assez extraordinaire d’un ambitieux, séducteur, servi par la chance, et focalise sur la période 1815-1820, où cet homme des lumières, d’équilibre, ce libéral, tient, contre vents et marées, contre la haine des ultras, un rôle déterminant dans la conduite des affaires du pays.

Il est né le 28 septembre 1780, dans la région de Libourne, en Gironde, dans une famille de bourgeoisie de robe. Son père, emprisonné sous la Terreur n’en restait pas moins favorable à la tendance dure des républicains. Lui fait de solides études chez les Oratoriens et s’installe comme avocat à Libourne.

Il ne tarde pas à monter à Paris (comme Rastignac) où il occupe peu de temps un emploi modeste avant de faire un certain nombre de rencontres déterminantes où sa capacité de séduction a certainement joué : il « croise » un avocat bordelais, Jaubert, futur directeur de la Banque de France, et Honoré Muraire, avocat lui aussi, personnage important du Consulat, qui participe à la rédaction du Code Civil et sera Premier Président de la Cour de Cassation.

Il exerce des fonctions importantes dans la franc-maçonnerie renaissante, et les exercera jusqu’au bout.

En 1805 il épouse Elizabeth Fortunée, l'une des filles de Muraire. Elle meurt de la tuberculose deux ans plus tard.

Il sympathise à Cauterets avec Hortense de Beauharnais, qui est alors Reine de Hollande, et avec son mari auquel il restera très attaché.

Ses fonctions de magistrat (il présidera avec brio des cours d’Assises) ne l’empêchent pas de servir Pauline Bonaparte, d’assurer vers 1811 une revue de presse pour « Madame Mère ».

Il fréquente le salon de Geneviève de Rigny, on le voit avec la duchesse d’Abrantès. C’est Rastignac…

 

 Dès son début il fait allégeance à la Restauration, refuse de prêter serment à Napoléon pendant les 100 jours, rencontre le baron Louis et Talleyrand qui le nomme préfet de police.
Ambitieux et charmeur, c’est aussi un bon administrateur, doté d’une grande capacité de travail.

Il séduit Louis XVIII qui l’appelle son cher fils, ils échangent 2000 lettres, le roi le voit tous les jours, il va même jusqu’à le marier à une noble héritière beaucoup plus jeune que lui.
Elie Decazes est élu député de la Seine en 1815. Il est entre 1815 et 1818 ministre de la Police du gouvernement Richelieu.

Il dirige un grand ministère de l’Intérieur (qui recouvre plusieurs de nos départements actuels), dans le cabinet du Général Dessoles (ndlr : né à Auch en 1767).

Nommé chef du gouvernement fin 1819, il le reste fort peu : victime indirecte de l’assassinat du Duc de Berry, il en est tenu pour responsable par les ultras qui conduisent contre lui une campagne haineuse (à laquelle prend part Chateaubriand). La chance l’a vraiment abandonné et il est plus que jamais dans une fonction de bouc émissaire. Louis XVIII le nomme ambassadeur à Londres, où il ne reste qu’un an, en raison des problèmes de santé de son épouse qui ne supporte pas le climat.
Il revient alors à Libourne et ne reverra plus Louis XVIII, mort en 1824.

Il refusera plusieurs postes  sous Charles X, mais il siège à la Chambre des Pairs, dont il est Grand Référendaire, et logé à ce titre au Palais du Luxembourg, qu’il devra quitter lors de la révolution de 1848.

Il prend alors en location l’appartement de la rue Jacob où il mourra le 24 octobre 1860 (de sa « belle mort » et non assassiné comme Alcibiade).

Tout au long de cette carrière politique que le conférencier nous narre de façon très claire et très complète, Elie Decazes a affiché des convictions dont il ne s’est jamais départi : c’est un homme des Lumières, un libéral raisonné, un homme d’équilibre qui a vécu dans ses fonctions ministérielles, et à l’évidence favorisé, la naissance du Parlementarisme en France. Pour lui la raison est la seule source de légitimité du pouvoir.

Le pays où il a exercé ses fonctions ministérielles était en 1815 dans une situation difficile et pour le moins troublée : occupation étrangère, indemnité lourde à payer aux Alliés, terreur blanche, impopularité du Roi Louis XVIII dont l’accession au trône n’allait pas de soi, élection d’une « Chambre Introuvable » dont les positions extrémistes veulent réduire les prérogatives du roi .

La Charte de 1815 était, en effet, un texte de compromis, le moyen de finir une révolution, essayant de concilier droit divin et souveraineté populaire, garantissant la propriété des biens nationaux, la liberté de culte, maintenant le concordat de 1801.

Fait Comte en 1816, Decazes pousse à la dissolution de la « Chambre Introuvable ».

En politique étrangère, il fut défavorable aux expéditions en Espagne et en Algérie.

Les trente dernières années de sa vie, Decazes les passa dans un certain retrait de la vie politique. Fondant   non sans difficultés Decazeville, la ville qui porte son nom, alors même qu’en cette période de décollage industriel, la France se trouvait déjà à plusieurs longueurs derrière l’Angleterre.

Alors, Rastignac ou Alcibiade ? Notre collègue se garde bien de trancher. Elie Decazes, homme politique brillant, ne fut en rien un militaire et ne mourut pas assassiné par les ultras, à la différence d’Alcibiade. Le conférencier ne pousse pas la comparaison avec ce dernier. On peut en revanche se demander si la carrière d'Elie Decazes ne peut être rapprochée de celle  d’Adolphe Thiers….

Le Président remercie le conférencier pour cette communication très riche, présentée devant une assistance nombreuse.

Il signale la sortie des actes de notre colloque de septembre 2022 sur le Handicap, annonce la  conférence d’Anne Lasserre le lundi 4 mars, au cours de laquelle les Pyrénées nous apprendront comment nos regards sur les paysages ont évolué, ainsi que la conférence « aux risques de la liberté » qui sera présentée par l’Académie dans le cadre des journées Olympe de Gouges, le 11 mars à l’heure habituelle.

La séance est levée à 18h15.

   

3. Les rendez vous de l’Académie

Notre confrère Yves Ripoll, par ailleurs président de l’association Miguel de Cervantes, a été  l’invité de la 38ème émission.  En l’honneur du « Chevalier  à la triste figure » « à la fortune du mot » a décliné les multiples facettes du mot  “figure”.

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L’entretien  a permis d’éclairer l'itinéraire peu commun et riche d'expériences d'Yves Ripoll, empreint d'humanité et d'humanisme.

 Maurice Petit nous a incités à découvrir en Dordogne le château de Richemont et l'Abbaye de Boschaud, et Anne Lasserre nous a permis de mieux connaître  Jacques Antoine de Molières, l'un de nos « illustres » prédécesseurs.

 

 

4. La séance publique du 4 mars

C’est notre consoeur Anne Lasserre par sa conférence : « L’évolution du regard porté sur un paysage, un exemple : les Pyrénées » qui  analysera l'approche de notre environnement naturel, les sites dont nous faisons des paysages.

 

Les grilles de lecture d’un paysage varient selon les époques et au gré des relations que nous entretenons avec notre environnement. C’est ainsi que des lieux peuvent devenir un miroir des mentalités, comme le montrent les différents regards portés sur les Pyrénées depuis le XVIIIe siècle.

La vision que nous  avons de ces montagnes, et qui nous paraît tout à fait naturelle,  est pourtant relativement récente. Aujourd’hui, nous les arpentons, nous les gravissons, les escaladons, les franchissons, nous nous mesurons à elles,  en hiver comme en été.  Les randonnées, le ski, l’escalade, le vol à voile… sont à l’honneur.

Or, il n’en fut pas toujours ainsi.

Il a fallu d’abord longuement apprivoiser les Pyrénées qui, aux XVIIIe et XIXe siècles, apparaissaient encore comme des lieux effrayants.  Non seulement elles étaient  le domaine des  sorcières, le repaire des brigands et des contrebandiers, mais elles menaçaient de s’effondrer sur ceux qui osaient s’y aventurer. 

La perception actuelle est le résultat d’une lente évolution du regard porté sur les Pyrénées.

La première approche fut scientifique. 

Il fallait être animés par l’amour de la science, être géodésiens, géologues, minéralogistes, botanistes,  pour oser les affronter.  Sous l’influence du Romantisme, le regard devient subjectif, esthétique. Les voyageurs parcourent les vallées à la recherche d’émotions fortes et de tableaux impressionnants. Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que le regard commence à s’élever vers les sommets et que s’impose peu à peu la conquête des cimes.

Aujourd’hui, les Pyrénées semblent être devenues une immense aire de jeux.

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